Le rectorat de Lyon a transformé l’ensemble des postes de CPE en REP+ dans l’académie de Lyon en postes à profil. Le Sgen-CFDT a voté contre cette mesure.
Le Sgen-CFDT n’est pas a priori hostile aux postes à profil quand cela répond à un besoin de compétences spécifiques. Ainsi, nous reconnaissons le côté spécifique de l’enseignement d’options liées à des disciplines (DNL, Théâtre…) ou l’exercice dans des établissements particuliers (innovation numérique, EREA…). Nous sommes également conscients de la place particulière qu’occupe le ou la CPE vis-à-vis de l’équipe de direction. Néanmoins le recrutement sur profil des CPE candidatant en REP+ pose problème.
La situation antérieure
Avant le mouvement 2020, les candidats à exercer en REP+, de toutes les disciplines, pouvaient obtenir une forte bonification au barème après avis d’une commission d’entretien. Cette commission évalue les motivations et compétences des candidats. Composée d’un IPR et de deux chefs d’établissements exerçant en REP+, elle émet un avis après entretien avec l’intéressé-e.
Les avantages de ce système sont multiples. Tout d’abord, avec une forte bonification, il priorise sur ces postes les candidats souhaitant exercer dans ce type d’établissement. Cela permet aux autres personnels de savoir qu’ils ont moins de risque d’être nommés sur un établissement qui ne leur convient pas.
Par ailleurs, la bonification s’ajoute aux points d’ancienneté et d’échelon. Ainsi, la situation personnelle de l’agent est tout de même prise en compte pour départager.
Enfin, parce que l’avis de la commission est émis sans connaissance des voeux précis de l’intéressé, le « copinage » est très limité.
Les postes à profil ne sont pas une solution
Passer sur un recrutement spécifique dégrade ce fonctionnement. Tout d’abord, il n’y a plus entretien, mais simple étude de dossier par IPR-EVS et chef d’établissement concernée. Comme chefs d’établissements et CPE ne restent pas forcément en poste le même nombre d’années, il paraît pertinent que le recrutement puisse se faire par un panel élargi de personnes intervenant en REP+.
Nous avons obtenu que l’avis d’une commission neutre (dont la composition n’est pas tranchée) soit aussi recueilli. Avec les 3 avis (chef d’établissement, IPR EVS et audition par commission), c’est le recteur qui nommerait le ou la candidat-e sur un poste.
On pourrait croire que c’est un-e chef-fe d’établissement qui connaît le mieux « son » établissement, mais cette connaissance est forcément subjective. Mais admettons, pour un instant, qu’il faille un examen établissement par établissement, pour trouver la meilleure adéquation entre le ou la CPE et un projet d’établissement particulier. Dans ce cas, ce sont des membres du CA qui devraient être saisis de l’examen des dossiers, et pas le seul chef d’établissement. L’autonomie de l’établissement, à laquelle notre organisation syndicale est très favorable, ne doit pas être l’autonomie du seul chef d’établissement. Aujourd’hui, aucune fiche de poste spécifique n’est parue, montrant bien que la spécificité de chaque établissement n’est pas clairement établie par l’administration.
L’alignement du mouvement des CPE sur celui des chefs d’établissement pose question. Dans la circulaire de 2015, les CPE sont membres de la communauté éducative et non de l’équipe de direction. Ils et elles sont concepteurs de leur activité sous l’autorité du chef d’établissement.
Des difficultés pour les candidats
Pour les candidats, le changement de règle d’une année à l’autre, sans avertissement, a été très mal perçu.
De plus, devoir postuler individuellement sur chaque établissement créée une véritable contrainte dans le nombre de vœux. Et que dire de la rédaction de dix lettres de motivation différentes ?
Cela s’ajoute au fait que les vœux spécifiques doivent être placés en 1er dans le logiciel. Ainsi, des candidats seront obligés de mettre en premier un vœu qui ne correspond pas forcément à leur premier souhait, ou alors à renoncer à ce vœu. C’est demander aux candidats de faire un choix stratégique, alors que les vœux devraient refléter les souhaits. C’est aussi leur demander de se presser, car l’envoi des pièces justificatives est différé pour les postes spécifiques.
Pour toutes ces raisons, le Sgen-CFDT de l’académie de Lyon comme toutes les autres organisations syndicales a voté contre à la proposition de transformer tous les postes de CPE en REP+ en postes spécifiques. Nous souhaitons le maintien, voire l’amélioration, du dispositif avant 2020 : un fonctionnement au barème, mais avec une très forte bonification pour les candidats ayant eu une évaluation positive de la commission d’entretien REP+.