« Innover pour une école plus juste et efficace » : les propositions du CNIRÉ (Conseil National de l’Innovation pour la réussite éducative)

Le CNIRE (Conseil national de l'innovation pour la réussite éducative) publie, ce 29 mars 2017, la synthèse de ses travaux de l'année.
Créé le 26 mars 2013, le CNIRE présente quatre ans plus tard son ultime rapport, avec, au coeur de sa réflexion : la lutte contre les inégalités.

Créé le 26 mars 2013, le CNIRÉ présente quatre ans plus tard son ultime rapport, avec, au coeur de sa réflexion : la lutte contre les inégalités. Les membres du comité, présidé par Philippe Watrelot, complètent les propositions des deux précédents rapports en développant la thématique « innover pour une école plus juste et efficace ».

Gageons que les propositions de ce conseil, chargé d’émettre un avis, d’impulser, de soutenir, d’évaluer les orientations politiques en matière d’innovation, pourront être relayées dans l’avenir.

Le Sgen-CFDT vous propose un résumé de ce rapport. Les points de convergences avec nos revendications syndicales sont nombreuses et seront pointées à plusieurs reprises.

Les pièges et leviers de l’innovation

Les membres rappellent la distinction à opérer entre l’innovation et l’expérimentation

l’innovation relève du jugement alors que l’expérimentation relève du fait

L’expérimentation se fait au quotidien, à l’échelle de l’établissement ou du réseau. Penser l’expérimentation, c’est être plus ferme sur les finalités, et plus souple sur les procédures, au sein « d’établissements formateurs et intégrateurs ».

Apprendre à innover, cela demande une évolution dans le rapport au métier, et ce, dès la formation initiale et continue. Le rapport préconise d’encourager, entre autres, le travail d’équipe, le partenariat, l’analyse de pratiques, l’appui sur la recherche…

l’innovation doit se faire au plus près du terrain, dans une logique de réseau et en privilégiant les changements « à bas bruit » s’appuyant sur l’existant et les pratiques réelles, plutôt que sur un modèle idéal et culpabilisant

Innover pour une école plus juste

Face à l’accroissement des inégalités, l’école ne peut pas tout, mais elle se doit d’éviter de les accroitre en son sein.

on peut faire son métier du mieux que l’on peut, et en aucune manière se sentir culpabilisé, tout en constatant par ailleurs que le système dysfonctionne…

Le rapport met en avant des préconisations qui convergent, y compris à l’étranger, visant la réduction de ces inégalités : favoriser les établissements les plus en difficulté, lutter contre l’échec dès le plus jeune âge, améliorer la qualité de l’enseignement, soutenir et valoriser le métier enseignant, revaloriser la filière professionnelle.

Continuité et cohérence des politiques éducatives

Mais il recommande aussi d’assurer la continuité des politiques éducatives au-delà d’une décennie, et de prendre en considération le caractère systémique et cohérent des politiques (de la formation aux outils etc.),

l’échec scolaire des plus pauvres n’est pas un accident. Il est inhérent à un système qui a globalement conservé la structure et l’organisation adaptées à la mission qui lui a été assignée à l’origine : trier et sélectionner.» (J.L. Delahaye)

Les membres du conseil invitent plus précisément à favoriser la mixité au sein des établissements et des classes. Ils rappellent l’importance d’assurer des attentes (programmes, évaluation) et apprentissages explicites, de favoriser la liaison inter degré, d’instaurer des pédagogies de la coopération, de proposer des pratiques favorisant l’accès au sens, et la construction d’une estime de soi positive et la mise en progrès.

Des principes et des valeurs  : l’éducabilité de tous

les pratiques de classe relevaient d’abord d’un engagement sur des principes et des valeurs, bien au-delà de considérations techniques sur les « meilleures » ou les « bonnes » façons de faire apprendre les élèves

Ces principes et valeurs reposent notamment sur l’éducabilité de tous, l’exigence et la bienveillance envers un enfant pris en compte comme personne, dans sa globalité.

Faire alliance

Le conseil insiste à nouveau sur la nécessité de « faire alliance » avec l’ensemble de la communauté éducative (parents, enseignants, éducateurs, collectivité).

Il s’agit d’appréhender collectivement les difficultés rencontrées en assurant un approche interministérielle et inter-territoires, en renforçant la logique de cycle et en s’appuyant sur l’idée de réseau (propre à l’éducation prioritaire).

Le Sgen et le travail en réseau

Innover pour une école plus efficace ?

« La première caractéristique de l’efficacité est l’existence d’objectifs clairs. Être efficace c’est se donner les moyens les plus appropriés de parvenir à ses fins. Ces finalités doivent être définies clairement par la Nation et c’est ensuite à chaque établissement de les décliner et les définir au mieux par rapport à sa situation et son contexte. Le deuxième élément permettant de définir cette notion c’est l’évaluation. Pour déterminer si une action a été efficace, il faut être en mesure de l’évaluer. »

des moyens différents et adaptés dans des structures coopératives et autonomes pour des objectifs communs, ce serait donc la troisième caractéristique d’une École efficace et « agile »

Le Sgen et l’autonomie

Un établissement formateur et innovantscene de classe

Une approche coopérative et collaborative implique :

  • Des espaces de travail, de co-élaboration, co-formation.
  • Du temps pour la concertation et la résolution des problèmes.
  • Un rôle facilitateur et pédagogique du chef d’établissement.

Le Sgen et le rôle pédagogique du chef d’établissement

  • La construction d’une culture d’établissement fondée sur un projet partagé
  • De meilleures conditions de travail et un travail collégial
  • De donner des possibilités d’initiatives, de responsabilités
  • De permettre l’acquisition de nouvelles compétences
  • Une culture de l’évaluation et auto-évaluation
  • De capitaliser l’expérience et de cibler les compétences à transmettre.

Le conseil souligne ce qui peut encore freiner ces évolutions :

L’illusion d’un collectif homogène et égalitaire où tout le monde serait également responsable et concerné est une des difficultés pour piloter le changement. Mais l’inverse est tout aussi problématique et porteur d’effets pervers … Réfléchir à une nouvelle forme de gouvernance qui permette de dépasser les représentations et les méfiances réciproques

Le Sgen et la gouvernance

Les propositions qui complètent celles des précédents rapports

  • Créer une commission interministérielle permanente pour la réussite Éducative.
  • Développer un espace ou une plateforme numérique permettant la capitalisation des ressources et des expériences validées par les structures ou opérateurs concernés.
  • Permettre les échanges entre les différents acteurs éducatifs avec différentes déclinaisons territoriales
  • Faciliter la coopération à tous les niveaux de l’organisation scolaire, entre les élèves, entre les différents professionnels de l’éducation, et avec les parents ; ce qui conduira à réinventer le temps et les espaces scolaires.
  • Encourager la création de « tiers-lieux », espaces d’échanges au sein des écoles et des établissements, pour rendre la politique éducative locale plus cohérente.
  • Inscrire dans l’emploi du temps des enseignants deux heures hebdomadaires pour favoriser les pratiques collaboratives et réflexives des équipes : co-observation, co-formation, analyse croisée de situations éducatives, auto-évaluation, inclusion… et tous les sujets dont les équipes choisiront de se saisir.

Le Sgen et le travail d’équipe

  • Le plan de développement professionnel continu des personnels est négocié et conçu avec les autorités académiques. Il est mis en place en collaboration avec les ÉSPÉ, devenues maisons de développement professionnel, et portera en particulier sur les dix premières années de carrière.

Le Sgen et la formation initiale

  • Mieux atteindre la réussite éducative,en passant par un changement de regard des différents acteurs de la communauté éducative, sur soi-même, sur les autres adultes et sur l’enfant.
  • Organiser l’école ou l’établissement scolaire pour encourager les prises d’initiatives au service de la réussite de tous les élèves, notamment en sécurisant les acteurs des innovations, avec l’appui de facilitateurs externes (inspecteurs, accompagnateurs, formateurs, CARDIE, chercheurs…).
  • Repenser la gestion des ressources humaines pour favoriser la mixité professionnelle et la réussite de tous les parcours.
  • Faire de la lutte contre les inégalités un objectif majeur de la gouvernance des établissements.
  • Développer une évaluation des unités éducatives sur la durée, fondée sur le dialogue négocié.

Le Sgen et l’évaluation des enseignants

L’avis du Sgen- CFDT

Le Sgen-CFDT partage un grand nombre de ces analyses et voit, dans les propositions émises, des axes de réflexion à poser pour accentuer la lutte contre les inégalités au sein du  système scolaire, tout en garantissant des conditions de travail respectueuses de l’engagement des équipes.