Dans un rapport de décembre 2021, la Cour des Comptes dresse une image du remplacement des enseignant-e-s. Ce sujet a été abordé dans la campagne présidentielle, plusieurs candidat-e-s ont fait leurs propositions. Le Sgen-CFDT de l’Académie de Lyon avait déjà fait les siennes.
Ne pas réduire les réunions dans le secondaire
Commençons par distinguer absences individuelles et absences institutionnelles. Ces dernières, sur convocation et pour un ou deux jours, représentent deux tiers des absences. La Cour des Comptes demande donc au Ministère de convoquer les enseignants hors temps de présence des élèves.
C’est ce qui existe déjà majoritairement pour les enseignants du 1er degré, mais cela rend exsangues les professeurs des écoles. Par ailleurs, dans le secondaire, cette préconisation demanderait de repenser les emplois du temps. Ce sujet est intéressant en ce qu’il interroge les missions et le temps de travail des enseignants, mais il nécessite une concertation large, qui n’est pas prévue à court terme.
C’est pourquoi le Sgen-CFDT de l’académie de Lyon s’oppose à l’ajout de nouveaux temps de réunions, hors temps scolaire, sans réduction des Obligations Réglementaires de Service.
Le remplacement profite à tous
En cas de convocation, organiser un remplacement est à la fois possible et souhaitable. Dans le primaire, cela repose sur les professeurs remplaçants. Dans le secondaire, les absences de plus de quinze jours sont en théorie suppléées par des Titulaires Remplaçants (TZR). Mais le manque de recrutement amène a de plus en plus d’absences non-remplacées. Le Sgen-CFDT de l’académie de Lyon demande un abondement des viviers de remplacements.
Nous interrogerons maintenant les absences du secondaire de moins d’une semaine. Dans le cas de ces absences courtes, il est quasi impossible de mobiliser un TZR : il faudrait quelqu’un de la bonne discipline, à la bonne distance de l’établissement, et dont l’emploi du temps serait compatible. Reconnaissons également qu’il ne serait pas confortable pour un personnel extérieur à l’établissement de prendre en charge plusieurs classes pour quelques heures dans une journée. Pour ces situations, le manque de remplacement n’est donc pas une question de moyens en personnels, mais d’organisation.
Organiser un remplacement c’est organiser la continuité pédagogique pour les élèves
La Cour des Comptes l’indique, ces absences courtes sont souvent institutionnelles et sur convocation. Or, ne pas être remplacé place les enseignants face à un dilemme : dois-je m’absenter pour me former sachant que mes cours ne seront pas remplacés ? Un cours non remplacé, c’est à la fois des heures d’enseignement perdues mais aussi, particulièrement dans les collèges, un climat scolaire qui peut se dégrader. C’est pourquoi organiser un remplacement dans ces situations, c’est avant tout organiser la continuité pédagogique pour les élèves, apaiser le climat scolaire, et permettre aux personnels de participer à des actions collectives.
Le remplacement n’est possible qu’en allégeant la charge de travail
Par contre, il ne peut s’agir d’ajouter une nouvelle mission sans contrepartie, alors que les enseignants enchaînent déjà les heures supplémentaires. Avec aujourd’hui au minimum vingt heures d’enseignement par semaine, et autant de préparation, il est souvent impossible d’ajouter de nouvelles heures de cours.
Alléger la charge de travail, c’est par exemple revenir sur les heures supplémentaires années obligatoires. Rappelons que l’augmentation des heures supplémentaires est une mesure budgétaire permettent environ 125 millions d’euros d’économie.
Or, la Cour des Comptes estime à 1 milliards d’euros les absences non remplacées ! Mettre l’accent sur le remplacement en allégeant par ailleurs la charge de travail est donc gagnant financièrement et humainement.
Construire collectivement les remplacements
La critique fréquemment entendue est qu’un remplacement s’apparenterait à de la « garderie », sous-entendant qu’il est impossible de construire un contenu pédagogique au pied-levé avec une classe que l’on ne connaît pas. C’est partiellement vrai, et c’est pourquoi ces remplacements doivent être anticipés : à la fois la date du remplacement, mais aussi son contenu.
Un élève qui est en activité progressera toujours plus qu’un élève sans enseignement ! D’autant que le remplacement a également une vertu en terme de climat scolaire, ce qui joue sur les apprentissages. Il faudrait donc avoir, pour chaque créneau horaire, des enseignants disponibles et identifiés, quelle que soit leur discipline enseignée. Ce fonctionnement de type « astreinte » existe déjà dans d’autres structures éducatives, comme dans des EREA.
Un enjeu majeur, source de revendication
Parce que le remplacement pèse sur les conditions de travail, il est de la responsabilité des syndicats de s’en emparer. Pour les collègues du premier degré, ainsi que pour les absences longues dans le second degré, le Sgen-CFDT revendique des moyens de remplacement suffisants. Nous dénonçons le recours massif aux contractuels pour pourvoir à ces missions.
Concernant les remplacements de courte durée dans le secondaire, nous ne pouvons nier le besoin d’une organisation collective. Nous entendons les collègues qui craignent une surcharge de travail, mais aussi ceux qui renoncent à quitter leur classe de peur de ne pas être remplacés. C’est pourquoi nous, organisations syndicales, devons négocier des modalités soutenables pour les enseignants et positives pour les élèves.