Évaluations nationales : Stop à leur généralisation !

L'instabilité gouvernementale ne remet pas en cause les évaluations nationales standardisées. Elles sont inutiles aux enseignant.e.s pour construire le parcours de leurs élèves. Elles demandent un travail supplémentaire conséquent et ce travail est trop faiblement reconnu.

Huit ans que ces évaluations nationales standardisées sont obligatoires, huit ans que la CFDT, grâce aux remontées de terrain dit que ces évaluations sont inutiles voire contre-productives car mobilisant un temps conséquent qui pourrait être consacré à autre chose. Un temps de travail non reconnu, pas suffisamment compensé, non rémunéré : une forme de bénévolat en quelque sorte.

Des évaluations généralisées du CP à la 4ème.

Ces évaluations nationales standardisées sont aujourd’hui généralisées du CP à la 4ème. Nouveauté cette année, elles deviennent obligatoires en 5ème. Un moyen peut-être pour le Ministère d’évaluer l’impact ou l’absence d’impact, des groupes de niveaux ? Pour tous les autres niveaux, elles sont considérées par le Ministère comme un outil central de pilotage. Entre corrections, saisies des résultats, concertations entre collègues et retours aux parents, ces évaluations demandent un travail considérable aux équipes dans les établissements scolaires et les écoles. Les 6 heures de compensation sur les APC dans le premier degré ne suffisent pas.

Pour la CFDT, il faudrait a minima 9 heures de décharge sur le temps de classe ou une rémunération équivalente pour chaque personnel concerné par ces évaluations.

Une utilité toujours contestableÉvaluations nationales : tout travail mérite salaire

Si le travail effectué autour de ces évaluations par la DEPP est pertinent, c’est avant tout le temps collectif et individuel des enseignant·es qui manquent. Dès lors, sensées être utiles aux enseignants, elles deviennent avant tout chronophages. Les enseignant·es, ingénieur·es pédagogiques, n’en ont pourtant aucunement besoin pour penser la pédagogie de leur classe, pour remédier aux difficultés rencontrées en maths et en français par leurs élèves. A moins que leur utilité ne soit ailleurs : contrôler le travail des enseignant·es.  C’est en tout cas ce qui se passe sur certaines circonscriptions.

En effet, des IEN demandent à certains enseignant·es de revoir leur copie afin de remonter de meilleurs résultats de leur école répondant ainsi aux directives ministérielles. Objectif : faire entrer l’école dans la moyenne départementale. Pire, on a même vu des IEN demander à des enseignant·es de changer de niveau pour l’année suivante du fait de résultats trop faibles de la classe remettant ainsi en cause leur professionnalité. Bien évidemment, ces injonctions ne tiennent absolument pas compte de l’Indice de Position sociale de l’école. Pour la CFDT, de telles pratiques sont tout simplement délétères.

Des évaluations nationales qui représentent un coût pour l’État

Alors que la rigueur budgétaire s’installe du fait du déficit de l’État, voilà pour la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques une dépense que l’on pourrait supprimer sans que cela nuise au fonctionnement des écoles et des établissements scolaires. Le problème, c’est que le Ministère en a fait un objet dogmatique d’une politique où évaluations et nouveaux programmes vont de pairs. En mettant en place des évaluations annuelles, le Ministère a également créé des programmes scolaires supprimant les cycles au profit d’attendus annuels, attendus bien souvent inatteignables pour de nombreux élèves en maths et français. Cette logique, voulue par le Conseil Scientifique, vient mettre de nombreux enseignant.e.s sous pression. On réduit donc les enseignant·es à de simples exécutant·es ne travaillant que pour réussir les évaluations en maths et français au détriment des autres disciplines et de l’épanouissement de l’élève.

Huit ans et toujours aucun effet sur les résultats des enquêtes internationales

Alors qu’en 2018 ces évaluations devaient permettre de faire remonter la France dans les classements internationaux, huit ans après on peut constater que c’est un échec. La France reste au même niveau voire régresse. Pourtant le Ministère persiste et n’active pas d’autres leviers. Le temps consacré à ces évaluations prive les élèves de temps consacrés aux apprentissages. Quant aux enseignant·es, ce même temps pourrait être utilisé à d’autres fins et notamment à une plus grande concertation au sein des écoles et des collèges pour construire ensemble des progressions pédagogiques adaptées au profil des élèves. A quand une véritable confiance dans les professionnels dans les écoles et les collèges ?

Pour la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques, ces évaluations nationales standardisées sont l’un des marqueurs du manque de confiance de notre Ministère envers ses personnels.