Quelle école pour 2030 ? Manifeste du Réseau Français des Villes Educatrices

10 ans après l'Appel de Bobigny, le Réseau Français des Villes Educatrices veut que l'ambition éducative revienne au coeur du projet des collectivités territoriales. sortir de l'école sanctuaire pour construire un projet ambitieux pour l'enfant, un projet en adéquation avec les valeurs du Sgen-CFDT.

A quelques jours des élections municipales, la question de l’éducation dans les politiques territoriales est très absente des débats publics. C’est la raison pour laquelle le Réseau Français des Villes Éducatrices a souhaité remettre en avant la nécessaire cohérence de l’action éducative sur un territoire.

Dix ans après l’Appel de Bobigny, appel trop souvent résumé à la mise en place des rythmes scolaires en 2012, c’est l’essence même du Projet Éducatif de Territoire (PEdT) qui est questionnée. Il s’agit de redéfinir le partenariat local entre les acteurs du champ éducatif : Éducation nationale, éducation populaire, parents, enfants et collectivités. Il s’agit aussi de remettre l’enfant au coeur du projet éducatif par un engagement fort de tous les partenaires. Une ambition en adéquation avec les valeurs et le projet de la CFDT.

Quelle école pour 2030 ? Manifeste du Réseau Français des Villes EducatricesUn manifeste qui fixe deux objectifs pour l’école de 2030

Penser l’école à échéance de 10 ans, c’est imaginer ce qu’elle doit apporter aux élèves, aux enfants, aux jeunes. Pour cela, le RFVE a choisi d’appeler la communauté éducative sur deux axes :

  • le développement de la solidarité pour la transition écologique et la résilience,
  • la formation des citoyens.ne.s de demain dans un monde complexe.

Développer la solidarité pour la transition écologique et la résilience :

Oublier dans un tel manifeste les problématiques de changement climatique et les conséquences pour les populations aurait été une faute majeure.

L’éducation doit y  jouer un rôle central au même titre que les autres partenaires de la communauté éducative. Pour le Sgen-CFDT, il s’agit donc bien d’ancrer cet axe dans un projet de territoire et que l’école, de par sa mission en matière d’éducation, y contribue.  Ainsi, ne pas prendre en considération le rôle central du premier éducateur du jeune, la famille, c’est compromettre la mise en oeuvre d’un projet global.

En cela, ce manifeste rejoint complètement ce que défend la CFDT par sa participation au « Pacte du pouvoir de vivre »  défendu notamment par Laurent Berger et Nicolas Hulot. Il convient pour cela de s’engager dès maintenant dans cette transition, de penser les bâtiments scolaires avec l’ensemble des acteurs : cour d’école, rues, quartiers, salles de classe modulables, fournitures scolaires, circuits courts pour la restauration scolaire…

Tout cela aura forcément des conséquences sur la manière d’enseigner, c’est pourquoi le Ministère doit mieux accompagner les personnels, mieux les former à ces enjeux climatiques et ce, de la maternelle au Lycée voire dans l’enseignement supérieur.

Former les citoyen.ne.s de demain dans un monde complexe :

Derrière ces mots, il s’agit bien de remettre le PEdT au coeur de l’ambition éducative des collectivités territoriales pour notamment concevoir un projet cohérent, un parcours de jeunesse pour les  0 – 25 ans qui impliquant l’ensemble des acteurs. Il faut bien l’avouer, si le PEdT a eu du mal à trouver sa place, c’est avant tout par manque de concertation entre l’ensemble des acteurs. En 2013 et 2014, l’Éducation nationale prescriptrice du dispositif a ainsi imposé aux municipalités des contraintes temporelles qui limitaient la concertation. Dès lors difficile pour les acteurs de s’approprier un projet, à la conception duquel ils n’ont pas pu participer.

La leçon aurait pu être retenue mais avec la mise en place des 80 cités éducatives, le ministère reproduit les mêmes erreurs. Les délais très courts pour la mise en oeuvre des actions empêchent la concertation et créent chez les acteurs le sentiment d’une  installation à marche forcée. Il y a donc de grandes chances que les mêmes erreurs produisent les mêmes effets. Pour le Sgen-CFDT, il est regrettable qu’une bonne idée soit ainsi « gâchée » par des injonctions souvent destinées à satisfaire en premier lieu un besoin de communication du gouvernement.

Un PEdT qui doit s’élargir de la petite enfance à la jeunesse

Le PEdT doit s’inscrire dans un temps long et s’étendre de la petite enfance à la jeunesse pour permettre d’assurer un continuum éducatif à l’ensemble des enfants et des jeunes. Si la question des rythmes éducatifs doit continuer à être interrogée, elle doit faire l’objet d’une approche globale qui associera l’ensemble des acteurs et ne se limitera pas seulement à l’école. Le projet éducatif de territoire doit aussi favoriser la mise en œuvre d’une politique d’inclusion volontariste mobilisant une communauté éducative qui dépasse le seul cadre de l’école. Il faut en particulier garantir la continuité de l’accompagnement de l’enfant pendant tous les temps éducatifs (scolaires, périscolaires, extra scolaires).

Un manifeste dont les communautés éducatives doivent s’emparer

Si l’ambition de l’Appel de Bobigny était certaine, dès les premières contraintes, un certain nombre de partenaires signataires sont vite revenus dans leur couloir de nage corporatiste niant ainsi l’ambition éducative initiale.  Pour le Sgen-CFDT, qui n’a jamais dérogé à ses engagements en matière de complémentarité éducative, ce manifeste est une étape importante. Il engage jusqu’en 2030 l’action des villes signataires sur des objectifs que le Sgen-CFDT partage pleinement. L’école ne peut agir seule ni répondre à l’ensemble des contraintes éducatives, environnementales ou professionnelles.  Ce manifeste, marque bien la volonté des villes signataires de construire l’école de 2030.