Le mardi 21 avril 2020, Jean-Michel Blanquer était auditionné par des député.e.s. Il a fait le point sur le fonctionnement de l’Éducation nationale pendant le confinement ainsi que sur la réouverture progressive. L'action syndicale a été utile dans la période, mais il reste beaucoup à faire.
Ce que nous avons obtenu
Le ministre annonce une doctrine sanitaire nationale très claire. Elle portera notamment sur la taille des groupes d’élèves, les gestes barrières, les masques, les tests, la disponibilité de savon, de gel hydroalcoolique, de points d’eau. Partout où les conditions sanitaires ne seront pas réunies, les établissements n’ouvriront pas. Le Sgen-CFDT rappelle qu’il est indispensable que des masques soient disponibles pour les personnels et les élèves en nombre suffisant. Il y a désormais un consensus médical sur l’intérêt de porter des masques pour limiter la diffusion de l’épidémie.
Le ministre affirme ensuite que ceux qui ont des vulnérabilités de santé, ou qui vivent avec des personnes ayant des vulnérabilités de santé seront dispensés de retour en présentiel.
Il a aussi clairement indiqué qu’il y aurait une forme de pré-rentrée dans les établissements. Il a évoqué l’autonomie possible des établissements, dans le respect des conditions sanitaires.
Le ministre affirme enfin que qu’il ne s’agira pas de finir à tout prix les programmes. Puisqu’il ne s’agit pas de faire la course au programme scolaire, il n’y a pas, pour le Sgen-CFDT, d’intérêt à réduire les vacances estivales. Le ministre a réaffirmé que la fin d’année scolaire 2019-2020 ne changeait pas.
L’action syndicale a été utile dans la période, mais il reste beaucoup à faire…
Nos interventions, y compris en intersyndicale et inter organisations n’ont donc pas été vaines. Le syndicalisme est utile pour fédérer, construire et porter des analyses et des revendications. Mais il reste encore beaucoup à faire et tout ne le sera pas exclusivement au niveau ministériel.
Ce qui reste à obtenir
Le ministre a évoqué un nombre maximal d’élèves par groupe tout en précisant que ce chiffre n’était pas « consacré ». Le Sgen-CFDT considère que le nombre d’élèves doit être fixé en référence à la superficie de la salle dans laquelle un groupe d’élève est rassemblé, et à l’âge des enfants.
Le ministre a parlé « d’élèves à l’étude » si les lieux le permettent. Il ne suffit pas d’avoir des lieux, il faut aussi des personnels pour accueillir, encadrer, accompagner les élèves dans leur travail.
Des silences dont il faudra sortir
Pour le Sgen-CFDT, rouvrir des établissements scolaires ne relève pas que de l’Éducation nationale. La géographie de l’épidémie et de l’état du système de soin s’impose au ministère de l’Éducation nationale. C’est à la direction générale de la santé, aux préfectures et ARS d’indiquer où il est possible de rouvrir les établissements scolaires.
Par ailleurs, la réouverture d’établissements aux élèves ne doit pas remettre en cause l’accueil des enfants de soignants. Cela participe du soutien aux hôpitaux et à leurs agents. De même, des internats et gymnases sont aujourd’hui réquisitionnés pour faire face à l’épidémie. Ils doivent en priorité être consacrés à la stratégie de santé même après le 11 mai. Si les préfectures ne trouvent pas de lieux alternatifs, l’Éducation nationale ne doit pas entraver la réquisition.
Les contraintes sanitaires devraient amener le système à un fonctionnement hybride mêlant enseignement à distance et enseignement en présentiel. Or l’enseignement à distance occasionne une intensité de travail toute particulière. Il faut penser l’articulation des deux modalités pour éviter les situations de surmenage, voire de burn-out. Cet enjeu doit être pris en compte par toute la chaîne hiérarchique pour éviter des injonctions contradictoires.
Enfin, les dispositifs dérogatoires pour les parents d’enfants de moins de 16 ans doivent être prolongés. Les enfants ne seront pas en classe tous les jours. Il faut là aussi l’assumer publiquement et vite pour anticiper l’articulation entre vie professionnelle et responsabilité parentale.
Une méthode problématique
L’audition d’un ministre par la représentation nationale pour rendre compte de son action fait partie du fonctionnement normal de notre démocratie politique. Cependant, à cette occasion, le ministre a présenté des hypothèses qui n’ont jamais été présentées aux organisations syndicales représentatives des personnels. Seule la phase d’écoute a eu lieu. Il n’y a pas eu avec les syndicats la deuxième étape : des réponses du ministres aux propositions, exigences, interrogations.
Dialogue social : les partenaires doivent être écoutés mais aussi associés étroitement au processus de décision.
On semble rester dans un schéma où le ministre écoute puis décide. Dans la période que nous traversons, nous avons collectivement besoin de préparer les évolutions du confinement.
Le Sgen-CFDT a rappelé au ministère sa demande, cohérente avec ce que demande toute la CFDT : les partenaires doivent non seulement être écoutés mais aussi associés étroitement au processus de décision. La réouverture d’établissements sera un travail considérable pour tous les personnels de l’Éducation nationale, il faut les associer au processus.