Le port du masque obligatoire pour les enseignant·es de la maternelle à l'université, et pour les élèves à partir de 11 ans oblige à réinventer la communication et la relation pédagogique au sein de la classe.
Masques obligatoires pour les professeurs, de la maternelle à l’université
Lors de sa conférence de presse de rentrée le 26 août, Jean-Michel Blanquer a annoncé que le port du masque serait obligatoire pour tous les personnels, « même à l’école maternelle » (lire notre article « Quel masque pour qui ? »). Ainsi, tou·tes les enseignant·es de la maternelle à l’université doivent enseigner avec un masque. Un véritable défi à relever qui nécessite de nouvelles postures professionnelles.
Le visage, un outil de travail
Pour Françoise Lantheaume, sociologue et professeure des universités en sciences de l’éducation « le visage d’un enseignant, avec son corps, est un outil extrêmement important. Avec le masque, ils en sont privés, c’est donc comme enlever sa truelle au maçon ».
Le visage est un élément essentiel de la communication. Le masque rend plus difficile la communication verbale, et nous prive de la communication non-verbale, des expressions, des émotions. Il bouleverse la relation à l’autre. Il peut également donner l’impression que l’environnement est plus hostile. La bouche « masquée » dissimule certaines intonations et certains sons, rendant difficile l’apprentissage du langage chez les jeunes enfants, et des langues vivantes chez les les plus grands.
Réinventer d’autres canaux de communication, multiplier les outils pédagogiques
Le port du masque va donc obliger les personnels, comme les élèves, à s’adapter et à développer d’autres canaux de communication : renforcement de la gestuelle, du regard, de la voix, sollicitations plus fréquentes par le regard. Il va également demander aux élèves une attention différente, renforcée. Pour l’enseignant·e, varier les outils, et les supports pédagogiques lui permettra d’économiser sa voix.
Masque transparent, une solution ?
Pour les professeurs des écoles de maternelle , le masque transparent que le ministre envisage de fournir (annonce faite sur France Inter le 27 août), et que le Sgen-CFDT a revendiqué lors d’une récente audience au ministère, doit être une solution privilégiée et étendue aux professeur·es des classes de CP et aux professeur·es de langue.
Sophie Cluzel, Secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargée des Personnes handicapées, prône l’utilisation de ce « masque inclusif », créé initialement pour les personnes sourdes et malentendantes, pour « un large public » et des discussions sont en cours au gouvernement pour en équiper les agents publics.
Nombre d’enseignant·es souffrent de problèmes de voix. Parler avec un masque nécessite de prendre soin de sa voix, d’autant qu’il nous incitera à parler plus fort !
L’application Vocal’iz, développée par MGEN en collaboration avec la Fédération Nationale des Orthophonistes (FNO) et l’Institut de Recherche et de Coordination Acoustique/Musique (IRCAM) peut être en ces temps de crise sanitaire, un outil très utile pour mieux comprendre et gérer sa voix.
Agir collectivement sur l’organisation du travail
Pour le Sgen-CFDT il faut donner la possibilité aux équipes d’aménager l’organisation du travail dans les établissements scolaires et les écoles en réduisant les temps de cours pour aménager des pauses afin de tenir compte des effets du port du masque sur la fatigue de la voix.
Pour en savoir plus :
« Pour la rentrée scolaire, enseigner avec un masque représente un défi de plus » Marine Le Breton
« Enseigner avec un visage masqué : un défi ? » Laura Abou Haidar, maître de conférences, Université Grenoble Alpes (UGA)
« Déconfinement et accueil du jeune enfant : l’impact du port du masque. » Par Anne Dethier psychologue, formatrice en accueil du jeune enfant et Florence Pirard, Professeure en sciences de l’éducation à l’Université de Liège et attachée à l’unité de recherche interdisciplinaire Enfances, Université de Liège
«Le masque à l’école va mettre les enfants face à des difficultés d’interprétation»