Suite au Grenelle de l'Education...
Oui, disons-le sans filtre, sur la forme, les annonces de Blanquer sont totalement insatisfaisantes car au final, il n’y a eu que très peu de concret, à peine quelques chiffres et des promesses… c’est là que le bât blesse!
Depuis des semaines, des mois, des années, nous avons enduré mépris, non-reconnaissance, injonctions scandaleuses, management outrancier… La réalité de nos conditions de travail expliqueront les réactions de dépit des collègues face au Grenelle de l’Éducation… Tous les mois, en bas de la fiche de paye, les choses bougent peu. Nous n’oublions donc pas la longue période de disette avec le gel du point d’indice qui a provoqué une lente et durable baisse du pouvoir d’achat des personnels de l’Education Nationale.
Revenons-en au fond, c’est-à-dire aux « annonces » du Grenelle de ce jour: il y a donc 700 millions d’euros sur la table pour 2022… c’est donc plus que l’enveloppe initialement prévue… Il n’y aura pas de loi de programmation pluriannuelle, c’est aussi officiel.
Une revalorisation de TOUS les personnels coûterait plusieurs dizaines de milliards d’euros en une seule année
Mais avec 700 millions d’euros pour une année civile et plus d’un million de personnels, il y aura forcément des heureux et des déçus… Une revalorisation de TOUS les personnels couterait plusieurs dizaines de milliards d’euros en une seule année… ce n’est clairement pas l’enveloppe disponible pour 2022… ni le projet du gouvernement (ni des précédents).
Il y aura donc les « gagnants » et les « perdants » en 2022…
Les entrants dans le métier seront à nouveau les « gagnants » de la revalorisation 2022 avec la prime d’attractivité augmentée (objectif d’ici 2025 avec aucun prof à moins de 2000€/mois). D’autres collègues auront des mesures catégorielles comme la direction d’école et les PEMF-CPC. Attendons néanmoins de voir les contreparties pédagogiques les concernant car les priorités aux fondamentaux sont au cœur de leurs futures missions rénovées. La prime informatique est maintenue à 150€/an.
Et puis à partir de l’échelon 8 ou 9 (ce n’est pas encore tranché), il y aura une augmentation des promotions à la « Or Classe » (sic) et l’élargissement des viviers de la Classe Exceptionnelle. Est-ce une revalorisation? Oui diront certain·es puisque le salaire augmente ! Non diront d’autres car cela ne concerne pas tout le monde. Ces collègues à partir de l’échelon 8 sont celles et ceux qui n’ont jamais connu une quelconque revalo depuis leur début de carrière… et aussi les collègues les plus nombreux qui nous font des remontées « amères »…
Alors, on fait quoi maintenant?
On ne peut pas choisir notre interlocuteur pour les négociations qui vont s’ouvrir… cela sera bien Jean-Michel Blanquer le principal interlocuteur… et Bercy derrière son épaule.
Faire la politique de la chaise vide et laisser les autres décider des choix budgétaires à notre place ? Le Sgen-CFDT vous répond clairement dès à présent que nous participerons aux négociations. Nous ne souhaitons pas subir des choix qui ne sont pas les nôtres et nous voulons nous faire entendre.
Les syndicats vont donc être confrontés à une rhétorique bien huilée vis-à-vis des collègues avec des écrits syndicaux allant du « c’est inadmissible » à « peut mieux faire ». Certains oseront les parallèles avec les milliards offerts aux banques et à l’évasion fiscale. D’autres n’oseront pas dire qu’il y a 700 millions sur la table et que c’est idéal pour les petits réajustements nécessaires. Juste avant la conférence du Grenelle, un seul syndicat a informé qu’il ne participerait pas aux négos de juin.
Nous lirons avec délectation le décalage entre le discours policé de syndicats devant Blanquer en multilatérale et leur analyse cinglante en direction de la profession dans une démarche électoraliste inavouée.
Voilà pour ce soir… l’amertume des collègues est réelle, incontestable et à un niveau inégalé. Le rejet extrêmement massif de la profession face à leur Ministre de tutelle explique aussi notre amertume et des réactions dont nous pourrions être taxés d’égoïsme. A défaut de proposer autre chose qu’une revalo et toujours pas de reconnaissance, nous allons conclure par cette phrase: bravo JeanMi, tu as de nouveau réussi la prouesse de mettre toute la profession contre toi!