L'absence de préparation de la rentrée du 2 novembre a été très mal vécue par les personnels. Ils se sont sentis dépossédés de l'hommage qu'ils devaient rendre à leur collègue. Lors de notre audience avec le Recteur du 4 novembre, nous sommes revenus ces ratés.
La rentrée de novembre fut hallucinante et aberrante, tant sa préparation témoignait d’un manque évident de respect envers les personnels. Au niveau national, le Sgen-CFDT a plaidé pour laisser plusieurs jours de pré-rentrée aux équipes (lire nos propositions, simples et constructives, ici). Nous n’avons manifestement pas été entendus. Après ordres et contrordres en tous genres, il n’y aura finalement pas eu de temps de préparation de l’hommage national à Samuel Paty. Comme depuis 6 mois, le Ministère de l’Éducation Nationale démontre son incapacité à anticiper, à communiquer, et à écouter.
Nous avons fait parvenir en urgence un questionnaire à nos adhérent-e-s sur leur vécu de cette rentrée. En moins de 24h, plus de 20% de nos adhérent-e-s intervenant dans le primaire ou le secondaire avaient répondu.
Un sentiment d’abandon
Les personnels ont très majoritairement eu au minimum des documents de leur hiérarchie locale. Un tiers s’est même senti soutenu voire très soutenu. Par ailleurs, un enseignant sur 5 a finalement pu bénéficier d’une banalisation de temps avant l’hommage.
Nous avons débrayé en début d’après-midi dans mon collège pour nous retrouver et le principal a été très réceptif et pu parler entre nous.
Les collègues ont obtenu en dernière minute que de 8 à 10h , les professeurs puissent bénéficier d’une « heure syndicale » pour préparer l’hommage, ce qui a permis que l’hommage se déroule correctement.
Nous avons banalisé l’intégralité de la matinée afin d’avoir des réunions de concertations. Les équipes ont été très reconnaissantes d’avoir maintenu ces temps de préparation.
En revanche, les agents ont très mal perçu les mesures prises par le Ministère. Plus de 50% se sont sentis abandonnés. L’absence d’un temps collectif, où chacun pouvait exprimer son vécu, était un véritable manque de respect, voire de mépris.
Manque de respect pour les personnels enseignant et les familles des élèves, ainsi que pour les collectivités locales (mairies). L’hommage n’était pas à la hauteur de ce que j’aurais souhaité
Pas de préparation en interne, pas de réunion le matin, tout fait dans l’urgence et l’organisation 5 minutes avant l’hommage. Je suis meurtri du mépris avec lequel nous considère notre ministre.
Je déplore l’absence de temps passé avec mes collègues pour préparer dignement l’hommage.
Je suis choquée par les tergiversations du ministère: les docs ressources ne manquent pas, au contraire: un diapo national aurait été bien venu plutôt que de nous noyer sous les sites en nous laissant nous débrouiller
Un hommage sobre
Le Recteur a indiqué que le Ministre avait du annuler le temps de concertation « à regret ». Que c’était pour des raisons sécuritaires et de transport scolaire. Nous lui avons répondu que ce regret n’avait pas du tout été perçu par les personnels, qu’ils n’avaient eu aucun mot d’explication, ou d’excuses. Nous avons fortement insisté sur le dégoût de certains collègues.
Finalement, alors que les personnels étaient stressés, voire paniqués avant l’hommage, celui-ci s’est bien déroulé dans 90% des cas. Le Recteur s’est félicité par ailleurs que les difficultés aient été davantage remontées. Cela montre que les équipes se sont emparés des outils de signalement.
Des besoins en formation
Le Recteur a indiqué qu’au PAF, les formations sur les Valeurs de la République avaient très peu de candidats. La doyenne des IPR indique que le Comité académique sur les valeurs de la République se réunira dès la semaine prochaine, et qu’elle souhaite comprendre pourquoi ces formations ne trouvent pas preneur.
Nous avons expliqué que l’outil GAIA n’était pas très adapté pour communiquer sur les formations. Vu la complexité de présentation du plan, les enseignants ont tendance à se restreindre aux formations disciplinaires. Par ailleurs, nous avons milité pour que soit clairement explicité le thème de la formation : s’agit-il de faire un cours sur la laïcité, ou d’être capable de résoudre des situations où la laïcité est en jeu ?
Aujourd’hui, face à un Ministre sourd, nous voyons que la solution est surtout locale. Nous allons travailler avec le Rectorat pour construire une vraie formation sur les valeurs de la République. Dans les établissements, c’est par le Conseil d’École, le Conseil Pédagogique ou le Conseil d’Administration que les équipes peuvent construire des conditions de travail de qualité. C’est là, surtout, que l’on doit retrouver de la sérénité.
Nos équipes militantes restent mobilisées, plus que jamais. N’hésitez pas à nous solliciter.