Education prioritaire : continuer à « Donner plus à ceux qui ont moins »

L'éducation prioritaire concentre des moyens au bénéfice de 20 % des élèves dans plus de 1 000 réseaux d’éducation prioritaire, dont 350 Rep+. Le Sgen-CFDT réaffirme l'importance de donner plus à ceux qui ont moins.

« Donner plus à ceux qui ont moins »

Donner plus à ceux qui ont moins
Donner plus à ceux qui ont moins

C’est , dès 1981 avec la création des zones d’éducation prioritaire qu’est introduite cette notion d’équité dans l’égalité républicaine. Celle-ci est aujourd’hui largement partagée. Alors que la mission « Mathiot/Azéma » s’ouvre, le rapport de la cour des comptes inquiète les défenseurs de l’éducation prioritaire.

La publication, dans les médias, de certains éléments du rapport de la cour des comptes est alarmante. « Le problème du rapport de la cour des comptes (et surtout de sa réception) c’est qu’il présente une démarche particulière correspondant au périmètre d’expertise de la cour des comptes comme une évaluation globale de la politique d’éducation prioritaire. » précise O. Rey.

Rapport de la cour des comptes

« On ne peut que se réjouir que la cour des comptes établisse un rapport approfondi sur l’éducation prioritaire et la considère comme une politique publique indispensable qu’il y a lieu de conforter et d’améliorer encore. » tels sont les propos développés dans trois billets de M. Bablet, publiés sur le site de l’OZP.

La conclusion de ce rapport est claire : « Même si l’éducation prioritaire n’a pas su réduire les écarts de résultats scolaires, elle est parvenue à les contenir dans un environnement économique et social qui s’est largement dégradé… »
Ces écoles et établissements sont très souvent le lieu privilégié de l’inclusion scolaire. Ils sont d’ailleurs souvent le lieu d’implantation d’ULIS, unité locale d’inclusion scolaire,  d’UPE2A, unité pédagogique pour élèves allophones arrivants. Les nombreuses inscriptions qui en découlent, les arrivées de familles relogées en urgence tout au long de l’année scolaire compliquent le suivi du parcours de l’élève.  Ces familles quittent le quartier dès qu’elles le peuvent, le turn-over est important chaque année. Autant d’éléments de vie qui compliquent le parcours de l’élève et son accompagnement par les équipes pourtant fortement mobilisées.

Sur les dernières mesures engagées, ne nous y trompons pas, il y a aussi des « faces cachées ». Le dédoublement des CP et CE1 par exemple, a augmenté sensiblement les effectifs des autres classes, souvent au delà de 25. Il a occasionné la perte du Maître + et d’un fonctionnement en équipe autour des besoins des élèves. Il ne tient pas compte des problématiques de locaux dans les écoles, qui ont souvent été obligés de condamner un espace motricité, une bibliothèque etc…

Pour le Sgen-CFDT, la logique comptable est impossible à appliquer dans ces réseaux. Ceux-ci accueillent en effet tous les enfants des quartiers difficiles socialement et économiquement. On ne peut pas résumer l’évaluation de ces réseaux, à l’analyse de résultats chiffrés rendant compte d’un niveau scolaire atteint à un temps « t » par ces enfants. Ce sont des dynamiques humaines qui se jouent, dans une réalité systémique de quartier et d’équipes éducatives.

Personne ne peut imaginer ce que seraient devenus ces quartiers et ces enfants, sans les mesures d’éducation prioritaires prises depuis plus de trente ans. Si le Sgen-CFDT ne souhaite pas en rester à ce constat de « pansement » d’une société qui continue d’égratigner les plus faibles, il ne peut souscrire aux remises en questions formelles de ces mesures compensatoires.

Constats de la cour des comptes :

Ce rapport analyse les résultats recensés en éducation prioritaire dont l’objectif de réduction à 10 points d’écart n’est pas atteint.

Ainsi, la cour des comptes pointe particulièrement :
– le défaut de suivi des résultats des élèves de l’école primaire,
– le manque de connaissance du profil des écoliers : la base de données ne recense leurs caractéristiques socio-économiques,
– la faible réduction de la taille des classes,  trop longtemps modeste et insuffisamment orientée vers les REP+ et le premier degré,
– l’absence d’autonomie des établissements,
– le manque de reconnaissance des réseaux, de responsabilités et de marges de manÅ“uvre confiées aux chefs d’établissement,
– les lacunes du dispositif d’évaluation qui ont restreint leur faculté d’adaptation aux réalités locales.

Des préconisations innovantes

Les préconisations et orientations  incitent  les pouvoirs publics à penser l’éducation prioritaire autrement : « Les écoles et les collèges de l’éducation prioritaire doivent être considérés comme des laboratoires de l’école du socle commun de connaissance et de culture et d’expérimentation des pratiques pédagogiques innovantes . »
« La faculté de disposer de plus de postes à profil dans ce type d’établissement, la reconnaissance d’une plus grande autonomie accordée aux responsables des réseaux et des équipes pédagogiques, permettraient une différenciation nécessaire à la prise en compte des besoins réels ». D’un côté, ce rapport plaide pour une allocation différentielle des moyens généralisée qui supprime la labellisation mais de l’autre elle envisage des dispositifs d’attractivité centrés sur les établissements les plus en difficulté… ce qui implique une labellisation.

Le Sgen-CFDT souligne l’importance de l’expérimentation et de la différenciation qui doivent, comme l’indique le rapport, être les deux piliers d’une évolution nécessaire pour améliorer l’efficacité de l’éducation prioritaire. Mais ces deux entrées doivent être poursuivis avant tout, dans un travail impliquant les équipes. Du temps et de la confiance pour réfléchir, de réels moyens pour agir, et une réelle reconnaissance pour s’engager dans la durée (reconnaissance en temps, en formation, en valorisation de carrière, en salaire)

Les revendications du Sgen-CFDT

L’ investissement des équipes en éducation prioritaire, au service des plus démunis, dépasse largement le lire, écrire, compter. Ces équipes ont d’abord et surtout besoin d’accompagnement et de reconnaissance pour innover et expérimenter de nouvelles pratiques pédagogiques au service de tous les apprentissages.  Cet accompagnement  doit se traduire par la présence  d’adultes formés en nombre suffisant dans les écoles et établissements, par l’accompagnement de chercheurs, d’enseignants spécialisés et de tous les professionnels médico-sociaux au service de l’inclusion. Au-delà de la reconnaissance financière, l’allègement des effectifs, le temps imparti aux réunions d’équipe, aux rencontres régulières des partenaires  doivent être clairement identifiés.