[2D] EAF : il faut des mesures transitoires pour la session 2020 !

Le Sgen-CFDT a écrit au DGESCO pour demander des mesures transitoires pour la session 2020 de l'EAF (épreuve anticipée de français) qui prévoit de nouvelles modalités de programmes et d’épreuves, non seulement très différentes des précédentes, mais en plus à préparer en un an au lieu de deux.

La réforme du lycée s’applique depuis cette rentrée scolaire, et ce malgré tous les signaux d’alertes soulevés par le Sgen, en particulier l’impréparation de cette mise en œuvre forcée à la fois en classe de seconde et de première. Une des situations particulièrement difficiles est certainement celle des enseignant·es de Lettres, à qui l’on impose de nouveaux programmes. De même, les épreuves anticipées de français (EAF) sont radicalement différentes de celles des années précédentes. S’y ajoute le facteur aggravant d’avoir l’EAF… dès juin 2019 !

Les enseignant·es, comme les élèves, devraient donc réaliser deux années en une ! En effet, ces nouvelles modalités n’ont été connues que trop tard l’an dernier pour que les futur·es candidat·es (alors en 2nde) aient le temps d’être préparé·es sur deux ans, comme le prévoient pourtant les textes.

 

Des mesures immédiates nécessaires

A l’impossible nul n’est tenu ! C’est pourquoi le Sgen-CFDT demande dès maintenant des mesures transitoires pour cette année, en particulier pour la partie orale de l’EAF  :

  • Suppression de la question de grammaire pour la session 2020 ;
  • Réduction du nombre de textes obligatoires à présenter, par exemple en autorisant à ne présenter que trois objets d’étude.

Ces mesures de bon sens permettraient de limiter un peu la charge de travail des enseignant·es, et le stress des élèves qui n’ont pas le temps de s’approprier ces nouvelles modalités d’examen. Le Sgen-CFDT a d’ailleurs adressé un courrier en ce sens au DGESCO :

Des mesures à prendre à moyen terme

Parmi les autres mesures qui devraient pouvoir être examinées en comité de suivi, le non-renouvellement des œuvres intégrales obligatoires, pour l’année 2020-2021 au moins, semble indispensable pour donner un peu de souffle aux professeur·es de lettres. Par ailleurs, la confiance envers le corps professoral, invoquée sans cesse, impliquerait aussi de laisser plus de liberté aux enseignant·es plutôt que d’avoir pour tou·te·s la même liste. Les compétences professionnelles pour adapter les pratiques pédagogiques à la réalité des élèves sont bien du côté des enseignant·es.

 

Des alertes négligées qui interrogent le sens du métier

Les programmes tardifs, la bibliographie obligatoire, le nombre de textes à étudier, les nouvelles modalités de dissertation et du commentaire, le retour de la contraction de texte en voie technologique… tout cela, sans quasiment aucun accompagnement et avec un temps insuffisant d’appropriation, laisse les collègues sur un profond sentiment de perte de sens du métier : quid des missions de l’enseignant·e sur le plaisir de lire ? Sur le développement de l’esprit critique ? De l’appropriation des textes ? Tout cela est de fait balayé au profit de bachotages intensifs pour préparer les élèves à des modalités d‘épreuves archaïques, sorties d’un passé fantasmé et inexistant, dans lequel tous les jeunes Français sauraient réciter des vers des grands auteurs (masculins) et réaliser des analyses grammaticales pointues sur les incontournables textes de la littérature (française et classique).

Le Sgen-CFDT avait déjà alerté plusieurs fois le ministère sur la lourdeur des programmes, sur l’impossibilité à faire réussir les élèves dans ces conditions, sur la charge de travail induite pour les enseignant·es : force est de constater que faute de changement de cap du navire, la destination pourrait bien être l’iceberg…

 

Pour aller plus loin :