Jurys de bac : cafouillages, tensions et grève pour la rentrée

Le ministre de l’Education nationale a choisi de communiquer une nouvelle fois par voie médiatique mercredi 3 juillet au soir sur les mesures à prendre pour éviter le report des résultats. Ce choix a déclenché une vaste confusion et mis trop de personnels non grévistes en difficulté.

Bac 2019Confusion et désarroi professionnel

D’une part en prenant une attitude martiale il a amené des enseignants à jouer la carte de la radicalisation et du « jusqu’au boutisme ». D’autre part il a provoqué confusion et désarroi professionnel parmi les enseignants. Ceux-ci sont en effet chargés d’exécuter des consignes transmises très tardivement et parfois de manière incomplète, alors qu’elles touchaient à un aspect fondamental de l’identité professionnelle des enseignants : la notation.

Dans certains centres, le caractère transitoire des notes de livret remplaçant les notes des copies manquantes n’a pas toujours été explicité. Dans d’autres, des notes ont été saisies sans explication. Dans d’autres encore les ordres et contre-ordres se sont succédé. Ainsi certains jurys initialement renvoyés en fin de matinée et invités à se réunir le lendemain… Pour être reconvoqués en urgence le jour-même à 15h.

En cas de refus des jurys, ce sont les personnels administratifs ou les équipes de direction des centres d’examen qui ont dû assumer cette charge dans des conditions encore plus difficiles. La procédure de note transitoire (utilisée dans les cas de copies perdues), si elle avait été anticipée, aurait pu offrir une solution à mettre en regard avec les inconvénients du report des résultats préjudiciable aux élèves. Dans les conditions de sa mise en œuvre elle a relancé la crise.

 

 

Une rentrée sous tension

Cette décision très tardive démontre surtout l’absence de considération pour ce qui se passe réellement sur le terrain. Les diverses situations auraient sans doute pu être traitées avec discernement et intelligence par les jurys concernés, plutôt que d’en faire une affaire d’État dont tout le monde sortira perdant, voire sali. Les équipes éducatives sortent profondément divisées et épuisées par les tensions nées de cette séquence. Mais c’est à la rentrée que se feront sentir les effets nocifs très concrets de cette réforme : le ministre n’a rien voulu entendre ni des propositions formulées depuis plus d’un an pour améliorer la réforme, ni du mécontentement fort exprimé par les grévistes. Il est donc fort probable que la rentrée se passe mal dans de nombreux lycées, soit à cause de la réforme elle-même, soit à cause du contre-coup de ce mois de juin si tendu.

Le Sgen-CFDT va déposer un préavis de grève couvrant la période du 30 août au 30 septembre.

Cela doit permettre aux initiatives locales de se développer sans entrave. Mais il s’agit aussi d’obtenir du ministre qu’il se préoccupe enfin des aspects concrets de sa réforme.

Ce préavis doit être entendu dans le contexte comme une « alerte sociale » pour peser sur au moins 3 points fondamentaux :

  • les DHG (et le financement des options notamment),
  • les contreparties des E3C (financières et en temps de concertation/correction) pour les personnels concernés,
  • le calendrier toujours absurde de l’année de terminale.

 

Enfin, les dernières déclarations du Président de la République, au micro de France Info, le dimanche 7 juillet, loin d’apaiser les choses,  ne contribueront sans doute qu’à alimenter l’incompréhension et la rancoeur…