Le Ministère vient de réunir un groupe de travail pour examiner deux textes permettant de mettre en œuvre deux mesures de la Loi Rilhac. Il faut en effet décliner certains décrets publiés l’été dernier. Ces deux textes portent sur la formation et l’évaluation des directeurs et directrices d’école.
La Loi Rilhac peine à montrer ses effets dans les écoles, la faute à des textes qui tardent à sortir. Ceci est sans doute la conséquence de la valse des ministres rue de Grenelle, qui crée à chaque fois des trous d’air, retardant systématiquement leurs publications.
Deux arrêtés ont donc été présentés aux organisations syndicales en vue de leur future présentation au CSA MEN : un sur la formation des directeurs et directrices d’école et le second autour de l’évaluation du poste de directeur et directrice d’école, un élément important présent dans la Loi.
Pour devenir directeur, directrice d’école : une formation obligatoire
L’entretien devant un jury pour entrer sur la liste d’aptitude ne suffira plus à la rentrée prochaine pour devenir directrice ou directeur d’école.
Il faudra avoir suivi avant cet entretien une formation de « sensibilisation » au métier de 3 jours.
Cet arrêté est la mise en œuvre de l’article 8 du décret n° 2023-777 du 14 août 2023.
Le Sgen-CFDT trouve cette formation de directeur importante pour permettre aux candidat.e.s d’appréhender un métier devenu aujourd’hui particulièrement complexe.
Liste d’aptitude en poche, les candidat.e.s bénéficieront, comme c’est le cas actuellement d’une formation de trois semaines avant la prise de poste. Reste maintenant à savoir ce que sera le contenu de ces formations.
Si, comme le prévoit le texte présenté, la formation de directeur sera basée sur le référentiel métier de 2014, il paraît important que les directeurs et directrices d’école puissent disposer d’items consacrés à la conduite de réunions ou à la gestion des conflits.
Reste donc à regarder de près les maquettes de formation qui seront proposées dans les académies pour éviter de n‘avoir qu’une formation « administrative » au métier comme c’est trop souvent le cas actuellement.
Un entretien professionnel tous les 5 ans
La loi en avait posé le principe, ce sera chose faite à partir de septembre.
Si le mot « évaluation » a été conservé tel que prévu dans le cadre législatif, elle revêtira la forme d’un entretien professionnel.
Trop souvent et encore aujourd’hui, le mot évaluation est assimilé à une inspection ce qui ne doit pas être le cas ici.
Cet entretien professionnel sera mené par l’IEN de circonscription. Il permettra aux directeurs, aux directrices d’exprimer leurs réussites, leurs difficultés, leurs besoins (notamment en terme de formation), leurs envies notamment en termes d’évolution possible de carrière ou d’évolution professionnelle.
Pour le Sgen-CFDT, si les IEN respectent l’esprit de l’arrêté, cet entretien sera l’occasion d’un espace de parole, bien rare actuellement. Les directrices et les directeurs n’ayant que peu la possibilité de faire un pas de côté par rapport à l’exercice de leurs missions.
Cet entretien, se fera la troisième année après la première prise de poste puis tous les cinq ans.
Il conviendra pour les personnels qui auront également leur rendez-vous de carrière d’être attentif à adosser ces deux moments pour éviter toute surcharge ou tension supplémentaire.
Une appréciation du directeur, de la directrice contextualisée et concertée
Le Ministère dans ce groupe de travail a présenté une grille pour aider à la conduite de cet entretien. Le modèle proposé est grandement basé sur le référentiel métier de 2014.
Le Sgen-CFDT a proposé de nombreuses reformulations afin de mieux mettre en évidence les missions portées par le directeur, la directrice d’école.
A l’issue de cet entretien, l’IEN rédige une appréciation générale.
Le directeur, la directrice dispose de 15 jours pour contester et proposer des modifications. Après validation par le DASEN, elle sera versée au dossier administratif de l’agent.
Cette appréciation sera probablement prise en compte pour l’avis de promotion à la classe exceptionnelle.
L’administration l’affirme, cet entretien ne se télescopera pas avec les rendez-vous de carrière.
Quant à la crainte répandue que le DASEN puisse utiliser cette appréciation pour retirer la liste d’aptitude à un directeur, une directrice voire une direction, c’est un leurre. La réglementation le permet déjà depuis un décret de 1989, « dans l’intérêt du service ».
Décret n°89-122 du 24 février 1989 relatif aux directeurs d’école
Des leviers pour asseoir les missions de pilotage pédagogique des directrices et directeurs.
Ces deux textes, après présentation au CSAMEN seront promulgués. Ils seront complétés par des circulaires qui définiront notamment les maquettes et le contexte de l’entretien professionnel.
Alors que certaines organisations syndicales dénient toute possibilité au directeur, à la directrice de toute forme de pilotage, ces deux arrêtés rappellent que ce terme figure dans le référentiel métier de 2014.
Le Sgen-CFDT a réaffirmé la nécessité d’un pouvoir d’agir pour les personnels, dans les écoles. Un directeur, une directrice doit pouvoir incarner cela pour impulser, animer ou coordonner le travail de chacun au bénéfice des élèves. Évidemment, cela ne peut se faire sans concertation avec les adjoint.e.s.
Par ailleurs, si la question du temps de décharge ne faisait pas l’objet de ce groupe de travail, le Sgen-CFDT a posé la nécessité de rouvrir ce dossier afin de diminuer les seuils de décharges et de permettre aux directeurs, aux directrices de bénéficier d’une amélioration en cohérence avec leurs très nombreuses missions.
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