Colloque du Collège de France et du CAREP sur la Palestine et l’Europe : controverse et confiance, essentielles pour faire progresser la recherche

La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques rappelle son attachement au respect des libertés académiques alors que des polémiques et caricatures contre les universités et institutions scientifiques se multiplient.

Nous relayons l’article de la fédération CFDT éducation formation recherche publiques écrit par notre secrétaire générale, Catherine Nave-Bekhti, et dont l’original est publié ici :

Colloque du Collège de France et du CAREP sur la Palestine et l’Europe : controverse et confiance, essentielles pour faire progresser la recherche

Le site web du colloque du Collège de France et du CAREP sur la Palestine et l’Europe :
www.college-de-france.fr/fr/agenda/colloque/la-palestine-et-europe-poids-du-passe-et-dynamiques-contemporaines

Traiter de questions vives avec la rigueur et la méthode scientifiques fait bien partie des missions des chercheurs et chercheuses. C’est ainsi, par la confrontation et la controverse scientifique que la science, la connaissances progressent. Le Collège de France et le Centre arabe de recherches et d’études politiques de Paris ont programmé de longue date un colloque scientifique international intitulé : « la Palestine et l’Europe : poids du passé et dynamiques contemporaines ».

Des chercheurs et chercheuses de plusieurs pays, spécialistes de la question dans différents champs des sciences humaines, se donnent ainsi les moyens de confronter leurs recherches, et donc de consolider des connaissances sur une question que l’on sait vive. Après qu’un magazine a fait le choix éditorial de critiquer le colloque avant qu’il se tienne, que des acteurs divers se sont emparés de cet article ces derniers jours pour contester la légitimité et l’intégrité scientifique de celles et ceux qui organisent et doivent intervenir au cours du colloque, sa tenue même est en balance. Sous couvert de questions sécuritaires, le ministre de l’Enseignement supérieur et la Recherche s’est même adressé à l’administrateur du Collège de France, faisant pression pour que l’évènement soit annulé. A cette heure, si le colloque se tiendra à partir de demain cela risque de n’être qu’en visioconférence et donc dans des conditions dégradées. De fait, la capacité de scientifiques à conduire leur travail est attaquée. C’est une atteinte à la liberté académique et à l’indépendance des chercheurs et chercheuses scientifiques.

La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques soutient les chercheurs et chercheuses injustement attaqués pour exercer leurs missions. Nous réaffirmons que la connaissance scientifique avance aussi par la controverse, en mettant en œuvre des méthodes et la confrontation entre scientifiques pour valider scientifiquement les apports des différentes recherches, sans se soumettre ni à la temporalité, ni aux polémiques politiques et médiatiques. Cette indépendance est précieuse quand bien même elle peut heurter au-delà du monde de la recherche.
La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques réaffirme son attachement à préserver des lieux et des espaces de débats rationnels, de confrontation respectueuse pour construire ; son refus de construire des tranchées qui opposent et fracturent.
Les attaques contre les universités et toutes les institutions scientifiques sont préoccupantes partout dans le monde. Les procès en illégitimité scientifique, ou sur leur capacité à structurer du débat sur des questions vives, à réguler voire à prendre des sanctions quand c’est nécessaire contre les Universités, les établissements scientifiques se multiplient. Leur irruption dans notre pays est tout à fait inacceptable, et constitutif d’un danger pour notre démocratie. A refuser le débat, et en particulier le débat scientifique, à en avoir peur, on finit en outre par dérouler le tapis à celles et ceux qui de toutes façons refusent la démarche scientifique, sa singularité, sa distinction du champ politique et du champ médiatique.

Pour la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques, les pressions, exercées notamment par le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Espace, pour obtenir l’annulation de ce colloque sont inacceptables et nous les récusons. Nous souhaitons que le colloque scientifique puisse se tenir dans de bonnes conditions.