Les conditions de travail des enseignant.e.s ont changé, le métier a changé sans pour autant impacter le fonctionnement de l'école elle-même. C'est une des raisons principales du mal-être actuel des personnels qui ont besoin de reconnaissance et de respect.
D’instit à PE
La loi d’orientation de 1989 a créé les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) et modifie ainsi fondamentalement le statut des enseignants du premier degré qui deviennent professeurs des écoles. Leur recrutement se fait donc alors au niveau bac +5.
Cela implique non seulement une évolution salariale importante mais aussi un passage en catégorie A de la fonction publique. Ce passage dans la catégorie des cadres n’a absolument pas été accompagné. Il correspond pourtant à un degré d’expertise et d’autonomie dans le travail qui mérite d’être reconnu.
En ce qui concerne la rémunération, elle se fait alors sur la même base que les professeurs certifiés, sans pour autant donner accès aux heures supplémentaires ou aux IMP (indemnités pour missions particulières). Grâce au PPCR , les carrières complètes des PE se font dorénavant sur 2 grades et le taux de passage à la hors classe a rejoint celui des certifiés.
Mais le statut ne fait pas l’emploi et l’évolution du métier depuis ces trente dernières années doit être reconnue et accompagnée.
Les évolutions du métier
Les professeurs des écoles n’ont pas connu d’évolutions de leur métier, qu’il s’agisse de formation continue ou de réflexion quant au temps de travail, à l’autonomie, l’expertise et la responsabilité en tant que professionnels de l’éducation. Ces sujets n’ont jamais été réellement discutés.
Le métier a changé notamment avec le développement des outils numériques et la multiplication des sollicitations institutionnelles. Les besoins des familles ont eux aussi évolué : accueil de tous les enfants à l’école, développement des temps péri scolaires…
Toutes ces évolutions non réfléchies et non travaillées en équipe, se traduisent par une dégradation des conditions de travail :
- sollicitations amplifiées (enquêtes, réunions d’équipes éducatives, suivi des élèves, réunions avec les partenaires éducatifs…)
- injonctions liées aux apprentissages fondamentaux : manque d’autonomie dans le travail, équipes mises à mal
- inclusion scolaire qui multiplie les temps de rencontre entre professionnels, les temps de préparation
d’où un mal être des enseignants qui s’accentue. Les PE n’ont pas l’autonomie correspondant à leur grade. Ils et elles se sentent infantilisés par leur hiérarchie, ils et elles ne sont pas formés ni accompagnés à l’évolution de leur métier.
Quelle reconnaissance ?
Les discussions en cours liées au projet de réforme des retraites s’ouvrent sur des ateliers spécifiques aux missions, au parcours professionnel, au travail des équipes pédagogiques. C’est pour le Sgen-CFDT l’occasion à saisir pour enfin acter ces évolutions du métier.
- reconnaitre le temps de travail en équipe nécessaire à l’accueil et au suivi du parcours de tous les élèves, à l’adaptation des pratiques pédagogiques aux besoins spécifiques
- reconnaitre le temps de rencontres des partenaires pour garantir la cohérence des actions et la complémentarité des aides
- garantir l’autonomie des équipes quant aux choix pédagogiques
- accompagner les personnels dans ces choix : formations, conseils et soutien, valorisation
Pour le Sgen-CFDT, le respect et la reconnaissance des enseignants sont en jeu. Cette reconnaissance passe par du temps dédié, une formation répondant aux besoins exprimés, une rémunération spécifique. L’ISAE doit par exemple être alignée sur celle des professeurs du second degré. Car les professeurs des écoles sont recrutés au même niveau que les certifiés.