Tout savoir sur le nouveau système d'évaluation des enseignants dans le cadre de la réforme du PPCR.
Dans le cadre de l’accord PPCR, le ministère vient de dévoiler le projet de réforme de l’ évaluation des enseignants, en négociations depuis plusieurs mois. Que faut-il en penser ?
Vous venez de découvrir le projet de réforme de l’ évaluation des enseignants, COP et CPE, vous avez réussi à débusquer les fausses rumeurs, mais vous vous dites qu’il n’est pas parfait. Vous rêviez d’être inspecté plus souvent. Ou moins souvent. Ou jamais. Vous vouliez être évalué uniquement par votre chef d’établissement, ou uniquement par votre inspecteur, ou par personne. Vous souhaitiez écrire beaucoup pour pouvoir témoigner de votre travail, ou pas du tout. Vous vouliez aussi être évalués en équipe, ou surtout pas.
Bref vous êtes sceptiques.
Le scepticisme est sain cela ne fait pas de doute. Mais soyons sérieux quelques secondes et n’oublions pas quelle est la situation actuelle.
Le système d’ évaluation des enseignants aujourd’hui
Les dérives passées
Un système infantilisant : fondé sur une visite surprise – mais annoncée- de l’inspecteur, il ne place pas l’enseignant dans une posture de confiance ni d’échange avec sa hiérarchie.
Un système opaque : les notes pédagogiques des enseignants sont réévaluées suite à l’inspection sans que l’enseignant sache pourquoi il gagne (ou pas) x ou y points. La note est souvent communiquée près d’un an après l’inspection après une mécanique complexe d’harmonisation (au sein d’une même discipline, rarement entre disciplines) qui demeure pour l’enseignant totalement opaque.
Un système fondé sur le rang au concours : la note pédagogique de départ est attribuée à partir du rang de concours pour de nombreux corps. Les inspections étant rares et les augmentations contingentées, la note administrative amenant très peu de différences, de nombreux personnels voient leur rang de concours les poursuivre toute leur carrière, quelle que soit leur valeur professionnelle et passent les échelons à l’ancienneté pendant de très, très longues années.
Un système ubuesque : qui peut expliquer pourquoi la note administrative des enseignants du 2nd degré débute à 33,3 et s’arrête à 40 ? Pourquoi celle des CPE est sur 20 et fait que beaucoup de CPE atteignent la note maximale avant même la moitié de leur carrière ? Pourquoi certaines notes sont harmonisées en CAPA et pas d’autres ?
Un système discriminatoire : les statistiques montrent ainsi que les femmes (au-delà du fait que leurs carrières sont plus souvent interrompues) sont moins souvent promues que les hommes à fonction égale ; que les collègues des académies les plus importantes sont inspectés moins souvent que les autres et donc promus moins vite ; que dans le 2nd degré les enseignants de certaines disciplines sont inspectés bien moins souvent que d’autres et donc promus moins vite.
En somme, un système tout simplement injuste : au total certains collègues sont promus plus vite que d’autres. Cela aboutit à de très importantes disparités de revenus sur la totalité de carrière. Le tout sans que cette différence soit toujours justifiée pour toutes les raisons citées précédemment. Si, par exemple, vous êtes une femme, de l’académie de Lyon, en anglais, et avec un rang de concours modeste, vous passerez sans doute de nombreux échelons à l’ancienneté… quelle que soit la qualité de votre engagement et de votre travail !
Vous voulez vraiment vous battre pour défendre ce système ?
Avec la réforme proposée par le PPCR
- moins infantilisant : finie la visite surprise ! Les rendez-vous de carrière sont clairement fixés et connectés à des moments importants de la carrière. L’évaluation de l’enseignant est donc prévue dès le départ à une date fixe ce qui ne peut que renforcer le sentiment d’autonomie et de confiance. Par ailleurs le document d’appui permet à l’enseignant de s’exprimer sur ses pratiques et de développer encore davantage une réflexion sur celles-ci.
- plus transparent : les critères d’évaluation sont clairement définis et sont connus de l’enseignant. De la même façon les résultats de l’évaluation seront connus rapidement et clairement par l’enseignant.
- plus compréhensible : finies les notes qui ne riment à rien et sont parfois les mêmes pour tous ! La grille d’évaluation est claire et intelligible.
- plus égalitaire : pour l’essentiel de la carrière, l’évaluation est déconnectée de l’avancement. Ainsi pour la plupart des échelons les collègues avancent tous au même rythme ce qui réduit les risques de discrimination et permet de recentrer l’inspection sur son vrai rôle : l’aide et l’accompagnement des personnels. Tous les enseignants ayant une carrière complète accèdent à la hors-classe et la différence de temps pour parcourir les 11 échelons de la grille de la classe normale est au maximum de 2 ans contre 10 ans aujourd’hui.
- plus juste : en réduisant les différences entre collègues, en supprimant la place accordée au rang de concours, en offrant à tous les collègues les mêmes temps d’évaluation et les mêmes chances de promotion au cours de leur carrière, cette réforme permet de mettre en place un système qui a défaut d’être idéal est déjà beaucoup plus juste.
Ce n’est pas si mal, non ?
Le Sgen-CFDT a fermement négocié pour parvenir à ce projet porteur de progrès ! Il continuera à se battre pour sa mise en place contre les tenants de l’ordre établi qui se satisfont de l’injuste système actuel et politisent la question en la renvoyant aux prochaines élections présidentielles.