Les propos liminaires du Sgen-CFDT lors de la CAPD du 24 avril 2018.
UNE INSTITUTION PYRAMIDALE
Le système éducatif français s’est construit comme une institution pyramidale où les injonctions descendantes pèsent sur les acteurs de terrain, qu’ils soient enseignant.e.s ou autres acteurs du système éducatif au service de tous les élèves.
Le Sgen-CFDT dénonce depuis longtemps cette logique comme étant en contradiction avec le statut même des enseignant.e.s qui, de par leur diplôme et qualifications, sont des cadres de catégorie A. Cette incohérence est devenue encore plus évidente depuis la mastérisation.
LA NECESSITE D’ETABLIR UN RAPPORT DE CONFIANCE
Pour le Sgen-CFDT, il est plus que temps de faire concrètement confiance à tous, et particulièrement les enseignants et ce, pas seulement dans des discours médiatisés mais dans les actes.
Il est temps de leur donner les moyens d’agir collectivement sur leur travail. La réduction si fréquente de notre métier à la transmission de savoirs, souvent présentée comme descendante et transparente, interroge, parce qu’elle nourrit une dévaluation du travail fourni. Elle contribue à une infantilisation, à la tentation pour certains décideurs de nous dicter ce que nous devons faire et comment, en niant notre expertise pédagogique, didactique et organisationnelle. La dernière circulaire du 29 mars sur les Activités Pédagogiques Complémentaires et les projets de circulaires sur les mathématiques et la maitrise de la langue présentées le 5 avril en sont une illustration flagrante.
L’EFFET ENSEIGNANT
Allons-nous être relégués à de simples exécutants ?! C’est faire insulte au professionnalisme de nos collègues qu’ils soient enseignant.e.s, membres des corps d’inspection intermédiaires, conseiller.e.s pédagogiques ou formateurs- formatrices- académiques…
Bienveillance, estime de soi, respect d’autrui, reconnaissance d’expertise, du collectif, valorisation des engagements,… ces expressions ne signifient-elles plus rien ?
Depuis plus de 40 ans, un ensemble de recherches menées dans le domaine de l’éducation a pu confirmer que les progrès des élèves dépendent de manière significative du talent et des compétences de leurs professeurs à dérouler des pratiques d’enseignement efficaces et inscrites dans le temps pour en assurer la maîtrise : c’est ce qu’on appelle l’effet enseignant.
L’effet enseignant est plus important que l’effet de l’établissement que fréquente l’élève. Mais l’établissement a néanmoins un effet, dans le cas où l’efficacité de plusieurs acteurs est élevée, encore plus si cette équipe constituée, s’inscrit dans la durée.
LA QUESTION DE LA FORMATION
L’organisation actuelle de notre formation (initiale et continue) se doit de s’adapter à la réalité des besoins. La qualité de la formation initiale et la confiance accordée aux personnels sont des gages d’émancipation, vecteur d’innovations au service de la réussite de tous les élèves. La formation continue, quant à elle, ne doit pas être trop injonctive sinon elle est perçue comme un frein à l’autonomie et bien souvent jugée inutile car trop éloignée des réalités de nos terrains d’exercice.
L’accès à un véritable continuum de formation, à des sessions de qualité, réellement adaptées aux contextes des territoires, aux besoins des projets élaborés par les équipes, mais aussi individualisées, en regard d’un projet personnel d’évolution, est primordial.
Politiquement, la performance des systèmes éducatifs passe par la volonté d’amélioration du niveau scolaire de tous les élèves. Pour ce faire, il y a en permanence des réaménagements parfois déstabilisateurs car pas suffisamment, voire pas du tout, concertés avec ceux qui les mettront en œuvre et souvent peu ou pas explicités.
Rarement est réellement évoquée et déployée, une politique ambitieuse d’accompagnement et d’écoute des personnels et particulièrement des enseignant.e.s qui sont pourtant la matière première de la réussite des élèves. L’efficacité d’un.e enseignant.e n’est rattachée ni à son ancienneté, ni à ses seuls diplômes initiaux mais au contexte de son exercice et à sa capacité d’adaptabilité et cela se travaille en formation continue et en temps de concertation.
Nous revendiquons donc :
– une organisation du temps pour des concertations choisies et maîtrisées par des équipes plurielles (enseignants et autres acteurs du système éducatif) sur tous nos territoires :
- pour penser, créer et mettre en œuvre des projets innovants compréhensibles par tous, avec des objectifs adaptés aux besoins de nos élèves, en lien avec nos secteurs d’exercice,
- pour permettre davantage d’analyse de pratiques entre tous les acteurs du système éducatif
– des moyens financiers et humains pour ces projets élaborés par le terrain
– des pratiques reconnues et des conditions de travail améliorées
– des espaces de travail repensés selon les situations d’exercice
Merci de votre attention