Aperçu du congrès de l'AGEEM à Port Marly les 3-4-5 juillet 2019
Le congrès de l’ AGEEM (Association des Enseignants de l’Education Nationale): Osons les arts semons les graines de culture s’est tenu à Port Marly sous le Haut patronage du Ministère de l’Education Nationale. C’est un lieu de partage et d’échange d’expériences d’enseignants venant de toute la France et de différentes pays du monde comme le Cameroun, la Belgique, l’Algérie et le Japon.
Au fil des expositions, se découvrent des projets pensés sur l’année révélant que la maternelle est une école exigeante même si cela est souvent méconnu du grand public. Ainsi sont présentés :
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des expériences de transmissions des connaissances entre pairs de maternelle (cf Echanger des savoirs à l’école maternelle, la réciprocité dans les apprentissages de Fatima Kadri, Nicole Desgroppes, Claire et Marc Heber Suffrin )
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des carnets d’artistes révélant les compétences acquises
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des productions plastiques s’appuyant sur , la fréquentation de musées l’arbre, le corps, la rencontre d’artistes en évitant de faire à la manière de comme le rappelle Joëlle Gonthier (créatrice de la grande lessive)
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des projets dansés à la croisée d’autres vecteurs artistiques comme les structures sonores baschet, la création de costumes, des sculptures, les mythes fondateurs, les jardins…
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des projets musicaux, sonores mettant en œuvre des chorales, la maîtrise du geste sonore avec le « sound painting » , l’exploitation ou la création d’objets sonores
Autant de projets multiformes conçus au sein d’une, de plusieurs classes, d’une équipe d’école voire même d’un groupe scolaire appelant tous à une coopération avec les familles et même avec des pays plus lointains
Mais à la croisée de cette profusion pédagogique, le langage et la communication restent constamment à l’esprit des professionnels amenant l’enfant a se raconter (émotions), à raconter ce qu’il expérimente, ce qu’il fait, a fait ce qu’il va faire…car la communication et l’échanges sont l’ADN de l’AGEEM, terrain d’expériences.
Au détour des conférences, Joëlle Gonthier rappelle que l’enfant qui se frotte à l’expérimentation artistique n’est pas pour autant un artiste. C’est au carrefour de ses rencontres avec les artistes, leurs œuvres, des choix des professionnels que nous sommes qu’il pourra venir à la création en suivant son propre chemin sensible (esquisses, essais, erreur, découvertes inopinées ou non). En attendant, l’école forme des citoyens éclairés aux pratiques et aux œuvres artistiques en commençant par exemple avec le dépliage d’œuvre…où la simple question Et alors ? amène peu à peu l’élève à regarder, entendre une œuvre avec finesse et sensibilité. L’école sert à apprendre à apprendre…
Jean Marie Schaeffer nous rappelle que plus un enfant est jeune plus le « voir » l’emporte sur « le regard » et qu’il revient aux professionnels que nous sommes de développer son regard et son attention, très « coûteuse en énergie neuronale » et en temps. Il s’agit de développer le regard au contact de ressources visuelles présentées à l’enfant (sollicité de façon massive aux images) à qui ’il va falloir amener à catégoriser par l’entraînement (ce qui est commun, ce qui est différent) pas trop tôt car la taille définitive de l’œil n’étant atteinte que vers 3 ans et sans lui imposer une interprétation qui nuirait à son travail personnel de catégorisation. Il nous signale également que passer d’objet en une dimension à un objet en 2 dimensions ne va pas de soi chez l’enfant.
A nous aussi de cultiver le rythme et la danse car l’espèce humaine l’apprend très vite comme le souligne Pierre Lemarquis.
Cora Cohen-Azria et Ana Dias-Chiaruttini nous invitent à nous interroger sur l’apprentissage mené aux musées à travers leur recherche en cours et nous proposent de déconstruire les fonctionnements au musée peut être en instaurant de vrais temps d’échanges entre enseignant et guides qui redoutent toujours un peu l’arrivée des classes de maternelle…
Les agoras présentent aussi les expériences vécues de professionnels qui échangent avec le public et nous proposent des pistes pour revisiter les chansons à gestes (Passez le pont du Rhône), pour enseigner la musique comme Léa Schneider et Régis Chevandier des éditions Acces nous rappelant que l’ambitus du jeune enfant a 2 ans est entre mi et sol, est à 3 ans entre do et sol ou encore à 5ans entre do et do .
Enfin le congrès AGEEM se termine sur l’intervention de Viviane Bouysse qui tout en nourrissant son auditoire de sa richesse encyclopédique met en évidence que « Se cultiver c’est construire son humanité. Il n’est jamais trop tôt pour commencer ! » Le culturel soutient selon elle l’efficacité de l’instrumental (lire, écrire, compter). Mais rencontrer les œuvres, les auteurs c’est rencontrer les autres ; c’est donner du sens, c’est aussi ouvrir ses sens…Mais l’expérience esthétique suppose des détours, du travail et donc du temps. Le domaine artistique est un bon moyen pour réaliser le penser, parler (Pourquoi, qu’est ce que c’est…)Le langage va ainsi canaliser le flot du ressenti, des émotions concept si important à étudier en maternelle.
Yves Soule rappelle que l’acculturation est enjeu éducatif car « la culture donne force à l’esprit ». Il met en évidence que ce congrès a proposé de croiser le arts et que nous assistons à une mutation culturelle et professionnelle de la maternelle , l’AGEEM nous formant à cette mutation (A quand cette reconnaissance)… Maryse Chrétien nouvelle présidente de l’AGEEM est confiante sur cette mutation car ce qui a été semé va germer… en attendant le 93è congrès de Bressuire intitulé : Imagin’air d’école… L’imaginaire décolle- Pour apprendre ouvrons les portes de l’imaginaire.