Des collègues des six coins de l’hexagone, des collègues en REP (+) se voient imposer l’expérimentation du dispositif “Projet lecture - Du son à la lettre” proposé par “Agir pour l’école” et axé sur un entraînement phonologique intensif.
Dans le Rhône, des enseignants de Lyon Duchère ; Vénissieux et Villefranche ont commencé à sentir un vent d’injonction souffler sur leur école.
Un contenu problématique à l’aune des programmes.
L’enseignement en suivant ce protocole exclut certains contenus du programme. Ce qui peut être conforme aux programmes à la seule condition que les enseignants soient volontaires.
Ainsi, toute démarche d’apprentissage phonologique parallèle est interdite, quid alors liberté pédagogique indispensable pour différenciation élèves.
De plus l’organisation de la journée de classe est imposé et tourne beaucoup sur la mise en autonomie des élèves.
Pour l’instant, aucun dispositif d’évaluation n’est annoncé pour comparer les compétences en lecture des élèves concernés avec d’autres.
Nous rappelons aux équipes cet article du code de l’éducation :
Art. L. 401-1 – (anciennement ART.34). Dans chaque école et établissement d’enseignement scolaire public, un projet d’école ou d’établissement est élaboré avec les représentants de la communauté éducative. Le projet est adopté, pour une durée comprise entre trois et cinq ans, par le conseil d’école ou le conseil d’administration, sur proposition de l’équipe pédagogique de l’école ou du conseil pédagogique de l’établissement pour ce qui concerne sa partie pédagogique.
Le projet d’école ou d’établissement définit les modalités particulières de mise en œuvre des objectifs et des programmes nationaux et précise les activités scolaires et périscolaires qui y concourent. Il précise les voies et moyens qui sont mis en œuvre pour assurer la réussite de tous les élèves et pour associer les parents à cette fin. Il détermine également les modalités d’évaluation des résultats atteints.
Sous réserve de l’autorisation préalable des autorités académiques, le projet d’école ou d’établissement peut prévoir la réalisation d’expérimentations, pour une durée maximum de cinq ans, portant sur l’enseignement des disciplines, l’interdisciplinarité, l’organisation pédagogique de la classe, de l’école ou de l’établissement, la coopération avec les partenaires du système éducatif, les échanges ou le jumelage avec des établissements étrangers d’enseignement scolaire. Ces expérimentations font l’objet d’une évaluation annuelle.
La réponse de Monsieur l’IA-DASEN du Rhône:
Cette question a été soulevée lors de la CAPD du 15 juin. Monsieur l’IA-DASEN nous a répondu que les écoles ne souhaitant pas (après avoir eu la présentation de ces dispositifs) s’impliquer dans l’expérimentation n’y seraient pas contraintes mais seraient considérées comme témoins pour des futures comparaisons.
REVUE DE PRESSE:
Au passage nous posons ça là :
source libération.fr
Une association proche de Blanquer prend la main sur l’apprentissage de la lecture dans le Nord… sans que les profs ne soient consultés
Agir pour l’école, une de ses associations satellite, dont le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer a été l’un des dirigeants. Cette association propose une méthode d’apprentissage de la lecture, via des formateurs qui interviennent dans différentes académies. A la prochaine rentrée, nous apprend le site Le Café pédagogique, ces formateurs vont commencer à travailler avec une centaine de classes de CP dans des zones prioritaires du Nord (ils travaillent déjà dans certaines académies, comme le raconte cet article des Echos) sans que les professeurs et équipes pédagogiques n’aient été consultés, de source syndicale.
Le problème, c’est aussi que la méthode d’Agir pour l’école a déjà été évaluée, et que les résultats sont peu concluants : «Ces évaluations montrent des progrès en lecture non lexicale et en phonologie. Par contre la méthode n’a aucun impact sur l’apprentissage de la compréhension ou du vocabulaire. A force de passer du temps à lire des syllabes ou des faux mots, les enfants arrivent à un bon degré de fluence en lecture. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils comprennent ce qu’ils lisent.», relève le journaliste François Jarraud.