Gouvernance du Premier Degré

Organisation et autonomie des établissements

Mercredi 15 novembre, une délégation du Sgen-CFDT de l’académie de Lyon participait à Paris au colloque « Quelle autonomie, quelle gouvernance pour le premier degré ? organisé par le Sgen-Cfdt et le GDID (Groupement de Défense des Idées des Directeurs) présidé par Alain Rei.

Pourquoi réfléchir à la question de l’autonomie des établissements du 1er degré ?

La question de l’autonomie est souvent associée à une vision libérale (privatisation, concurrence entre établissements…). Au Sgen-CFDT, nous pensons que cette question doit être portée par les enseignant.e.s et les équipes qu’ils composent, car ils sont LES acteurs sur le terrain.

L’absence de statut d’établissement pour le 1er degré a crée de nombreuses difficultés dans les écoles. Et pour cause, la question du statut du directeur d’école est restée en suspend : se posent des problèmes de sécurité et de responsabilité en dehors du temps scolaire; l’accessibilité et le temps dont disposent les équipes sur leur lieu de travail se sont restreints: apparaissent alors des obstacles pour organiser et accomplir ses missions dans de bonnes dispositions ; les conditions et la qualité de vie au travail sont toujours plus dégradées: sécurité, entretien et rénovation des locaux et des équipements ne sont pas toujours la priorité des communes;  la dépendance financière  criante est souvent révélatrice d’une organisation et d’une gestion dépassées et inadaptées aujourd’hui.

Nous croyons pleinement à cette évolution vers l’autonomie des établissement du 1er degré et faisons le pari que les équipes y gagneraient à terme, tout autant que nos élèves.

Les innovations les plus riches sont souvent celles qui sont portées  par les équipes qui s’engagent autour d’un projet.

Xavier Nau * a rappelé qu’ « on est souvent à la frontière du professionnalisme et du militantisme pédagogique ou éducatif, qui repose sur le volontariat. Mais on ne peut construire une politique publique sur cette seule base, c’est tous les enfants qu’il faut faire réussir, dans toutes les écoles, indépendamment de la bonne volonté et de l’engagement militant des acteurs ».

L’autonomie des établissements du 1er degré pourrait être un moyen (pas un but) de transformation et de changement de la structure du système par sa base. Le modèle de l’EPLE (établissement public local d’enseignement), tel qu’il est pratiqué dans le second degré, n’est pas nécessairement le seul modèle à suivre. d’autres pays (la Belgique, la Suède, l’Angleterre…) ont déjà ouvert des pistes sur lesquelles il est possible de s’appuyer ou non.

L’Ecole ne constitue pas un isolat, elle nourrit des relations continues avec les parents, les collectivités les associations péri-éducatives.

Elle doit pouvoir construire un projet qui correspond à sa réalité de territoire. A titre d’exemple, dans bien des communes, les directeurs ne sont pas associés  à l’élaboration des PEDT. De même, cette nouvelle instance qu’est le conseil école collège est présidé  par l’IEN en charge du premier degré et le principal du collège. Le directeur d’école ne serait donc pas en mesure d’assurer cette mission !

Yves Dutercq* nous rappelait à titre d’exemple les vertus du  dispositif PDMQDC (Plus de Maître Que De Classe) qui avait créé une nécessaire collaboration collective à l’intérieur de l’école, des équipes qui réfléchissent ensemble et qui investissent un dispositif et le décline localement.

Comment piloter une école au plus près de ses besoins quand les lieux où se prennent les décisions pour les personnels et les élèves en sont éloignés ?

C’est au niveau départemental ou des inspections de circonscription que le pilotage pédagogique s’effectue, alors que l’organisation matérielle et périscolaire dépend de la municipalité.

Ces décisions hors les murs, dans des lieux différents, engendrent inadéquation avec les besoins, lourdeur de fonctionnement et incompréhension des personnels.

Les adultes des écoles sont de fait dépossédés d’une grande part de l’organisation qui les concerne et pour laquelle ils devraient pouvoir décider collectivement. Les enseignants y voient un manque de reconnaissance de leur expertise et de leur capacité à concevoir et à agir. C’est au directeur ou à la directrice que revient, avec l’équipe enseignante, la gestion de cette contradiction avec l’équipe enseignante, en assumant le plus souvent une gestion de classe au quotidien.

Cela n’est plus acceptable.

Pour retrouver l’essentiel de la journée #ColloqueSgenCFDT : les interviews vidéo réalisées en amont du colloque. ici

La délégation Lyonnaise :  David Martins, Olivier Mathon, Virgine Jauneau, Janette Santander, Michel Pelletier, Michel Baroux

 

Xavier Nau : Professeur retraité de philosophie

Yves Dutercq : Professeur de sociologie de l’éducation à l’université de Nantes