Il se passe quelque chose au collège

Philippe Guizard, IA-IPR d'Histoire-Géographie dans l'académie de Montpellier, par ses visites dans les classes, constate que la réforme fait sérieusement évoluer les pratiques pédagogiques.

photo-ph-guizard Réforme du collège et enseignement par compétences

La réforme du collège a été trop souvent présentée comme une réforme modifiant les structures du collège.

Depuis le début de cette année scolaire, les visites dans les classes ont montré clairement que les professeurs, pour le moins, s’interrogeaient sur leurs pratiques habituelles mais plus généralement osaient des stratégies ou dispositifs pédagogiques qu’ils n’avaient pas ou peu explorés jusque-là.

L’entrée par les compétences

En histoire-géographie, une discipline qui était jusqu’à présent peu engagée dans cette voie, des enseignants commencent à construire leur cours autour d’une ou deux compétences majeures au lieu de partir des connaissances en se demandant en fin de préparation quelles étaient les compétences concernées.

Cette centration autour d’une ou deux compétences fait aussitôt évoluer le regard sur le travail des élèves et donc sur l’évaluation. Cette dernière devient plus formative et l’on peut observer que les enseignants concentrent alors leur attention sur la construction de la compétence. Les entretiens et les réunions d’équipe en viennent systématiquement à poser la même question : « Doit-on maintenir la note chiffrée ? ».

faa051000056Performance de l’enseignant ou apprentissages des élèves ?

Depuis le début de cette année scolaire, un nombre très inhabituel de cours auxquels j’ai pu assister a montré une organisation où les élèves travaillent par groupes. Comme s’il ne s’agissait plus de montrer à l’inspecteur la performance de l’enseignant mais les élèves en situation d’apprentissage. Enfin ! L’insistance figurant dans les programmes et le Socle à construire chez les élèves la compétence « coopérer » fait sentir ses effets.

Le renforcement du travail en équipe

Tous les enseignants que j’ai rencontrés depuis le mois de septembre confirment qu’il leur est désormais impossible de travailler en solitaire : programmation d’équipe disciplinaire quand il s’agit d’un programme de cycle comme en EMC, réflexion commune sur le niveau attendu de maîtrise des compétences pour chaque niveau de classe, interdisciplinarité autour des EPI.

Des inquiétudes cependant

Des interrogations fortes s’expriment encore et c’est sur ces points que doit continuer à porter l’action syndicale. Le risque d’une gestion technocratique du Livret scolaire unique et du travail par compétences peut conduire à un surcroit considérable de travail. Les temps de concertation institutionnalisés sont un impensé de la réforme alors que les professeurs soulignent le temps important consacré à ces rencontres entre collègues.

Les initiatives, les innovations, comme les interrogations, n’ont jamais été aussi nombreuses au collège que depuis la rentrée, il ne faut pas laisser retomber le soufflé.

Article rédigé par Philippe Guizard