On nous l'a répété, 97% des enfants d'âge pré-élémentaire sont déjà scolarisés en maternelle. Mais des conditions d'accueil à la menace sur la section de tout-petits, en passant par la question de l'enseignement privé, le Sgen-CFDT de l'Académie de Lyon relève les enjeux de cette annonce.
Les Assises de la Maternelle des 27 et 28 mars ont été l’occasion pour le Président d’annoncer l’abaissement de la scolarisation obligatoire (ou de » l’instruction obligatoire » d’ailleurs, nous attendons des précisions sur cette nuance) de 6 à 3 ans.
Une décision unilatérale ne résultant d’aucune concertation syndicale, une fois de plus le ministère de l’éducation nationale préfère l’évènementiel aux évolutions construites avec les agents et les acteurs… Pas de dialogue social, on découvre les décisions dans la presse.
Dominique Bruneau, secrétaire fédéral 1er degré du Sgen-CFDT
De prime abord, pour le Sgen-CFDT, cette annonce est plutôt une bonne nouvelle qui permet de sécuriser l’existence de l’Ecole Maternelle et impose la régularité de la scolarisation.
En revanche on instaure aussi la nécessité de faire respecter cette obligation avec un contrôle de l’assiduité qui va reposer sur les IEN et sur les directeurs et directrices déjà saturé.e.s sous les tâches administratives.
On va aussi demander aux collectivités locales de mettre en place des aménagements pour accueillir ces élèves toute la journée. Or, on sait très bien comme il est difficile d’avoir des dortoirs pour la sieste. Sans parler des subventions de fait des établissements privés qui passeraient sous contrat ( notre revue de presse).
Ce qui pose la question de l’accueil.
Avec quel accueil ?
Doit-on rappeler que la maternelle, particulièrement dans notre Académie de Lyon, c’est jusqu’à 32 élèves par classe?
Les parents expliquent souvent l’absence de leur enfant par la fatigue car en effet, être accueilli parmi 32 élèves, c’est fatiguant, ce n’est guère mieux en REP+, 23 élèves par classe au lieu de 13 en moyenne dans l’ordinaire dans les pays de l’OCDE. Nous constatons chaque jour les effets en termes de bruits de nuisance, d’attention de l’enseignant pour chaque élève.
Dans les années 1980, le modèle de la maternelle française était copiée de par le monde, mais depuis elle s’est faite dépasser avec un investissement de 6231 euros par enfant en maternelle contre 7106 euros en moyenne pour l’OCDE.
Il est nécessaire de diminuer les effectifs par classe, d’améliorer les équipements matériels et d’accroître la formation initiale et continue de tous les personnels, avec des enseignements sur les spécificités de l’école maternelle pour les enseignants et une véritable formation des ATSEM.
La sécurisation des ATSEM
Des ATSEM qu’il faudrait pérenniser avec l’inscription dans la loi du principe d’une ATSEM par classe (une par école actuellement dans la loi). Leur remplacement effectif en cas d’absence et la pérennisation de leur présence en classe qui est trop souvent empêchée par leurs missions municipales (préparation cantines, périscolaires temps de récupération, pause sur le temps élèves pour pouvoir être affectée à restauration scolaire pendant le temps méridien..). Ainsi la reconnaissance d’un personnel reconnu, mieux formé, pérenne, présent, qui serait alors de ce fait encadrant et qui ferait donc augmenter le taux d’encadrement!
La fin des sections de tout-petits ?
Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, missionné par JM Blanquer pour organiser les Assises de la maternelle n’y verrait pas nécessairement un mal. Tout comme un rapport de France Stratégie publié en amont des ces assises intitulé: « Quand la scolarisation à 2 ans n’a pas les effets attendus : des évaluations sur données françaises »
Après avoir sacrifié le dispositif PdMqdC (pour plus de maîtres que de classes ), et augmenté les effectifs des autres classes, (avec la méthode qui consistait à utiliser les seuils d’ouverture pour répartir les élèves des autres classes) et par la fermeture de classes rurales qui auraient pu être sauvées, la suppression de ces classes mêlée à une baisse prévue du nombre d’enfants d’âge pré-élémentaire pourrait financer la mesure .
Depuis les années 2000 où un tiers des enfants de moins de 3 ans étaient scolarisés, ils sont à peine 10% aujourd’hui. La priorité en REP avait pu sauver les meubles en permettant à 2 ans l’ouverture sociale et culturelle pour les enfants de milieux défavorisés. Mais entre 2010 et 2105 la scolarisation des élèves des 2 ans n’a cessé de baisser, dûe à des nombreux freins comme l’absence de toute petite section ou le manque d’intégration ou ne serait-ce que d’articulation des structures d’accueil à l’école revendiquées par le Sgen-CFDT
Parce qu’avant tout, la demande sociale ne porte pas sur l’obligation mais sur la qualité de l’accueil mis en place et sur la relation / l’intégration avec d’autres modes de prise en charge des enfants. Il faut que l’école maternelle garde son lien très fort avec les familles.
ALLER PLUS LOIN
Prolonger la réflexion avec le Sgen-CFDT:
École maternelle : lettre ouverte au ministre de l’Éducation nationale
De la crèche à l’école maternelle
Quel avenir pour la maternelle?
Nouveau lien:
Assises de l’école maternelle : mise en scène d’une annonce présidentielle
D’autres éclairages avec notre revue de presse: