/PREMIER DEGRE/ Conditions de travail des PE: Déclaration pour la CAPD du 26 janvier.

Propos liminaires du Sgen-CFDT présentés à la CAPD du 26 janvier 2018... Constat sur la dégradation de la qualité de vie au travail des enseignants due à la mise à mal du travail en équipe, la dégradation des relations avec les institutions et la hausse des maladies psychiques liées au travail.

Lyon

Monsieur l’Inspecteur d’Académie, mesdames et messieurs les membres de cette commission

La mesure phare de cette rentrée 2017 a permis de réduire les effectifs de CP en REP+ à 12 élèves par classe. Couplée à l’objectif ministériel de 100% de réussite au CP, cette mesure a été souvent source de contraintes dans sa mise en place au sein des écoles. Mais le professionnalisme et l’adaptabilité des équipes de terrain a une nouvelle fois permis de répondre aux directives priorisées.

Or, cette mesure en impacte d’autres, mises en place lors de la refondation de l’éducation prioritaire, en particulier le dispositif Plus De Maîtres Que De Classes dont la fin semble imminente, malgré une véritable valeur-ajoutée démontrée et reconnue.

Et au-delà du dispositif mis à mal, c’est tout le travail d’équipe qui est remis en question, des élèves des autres cycles qui ne sont plus accompagnés. Dans certaines écoles, le déploiement a fait aussi monter les tensions entre les collègues. Pour le Sgen-CFDT, il est regrettable et dommageable de balayer ainsi la réflexion et le travail des équipes pédagogiques et des dispositifs spécifiques mis en place.

En allant à la rencontre des collègues sur les territoires, il est une chose qui revient constamment = des témoignages de relations compliquées que les enseignants, les directrices et directeurs peuvent entretenir avec leur Administration (hiérarchie de proximité ou centrale), avec la collectivité territoriale, avec les autres partenaires de la communauté éducative. Lourdeurs administratives, délais de réponses trop longs, décisions contradictoires, surtout manque de dialogue ou d’écoute, manque de confiance dans leur capacité à prendre des décisions : autant de maux qui sont pointés comme entravant le travail quotidien des personnels.

Créer un climat de confiance propice à l’initiative et à l’innovation, c’est donner aux collègues enseignants les moyens de mieux vivre leur métier et d’assumer des choix qu’ils auront pris, eux.

Nous souhaitons vraiment, de manière constructive, structurer des relations ouvertes et bienveillantes entre collègues et hiérarchies et donner du poids aux initiatives de terrain.

Le bilan de l’Assurance-Maladie paru ce mois-ci fait état d’une fréquence accrue des maladies psychiques liées au travail ; dépressions, troubles anxieux, burn-out sont en constante augmentation sur ces 5 dernières années. L’étude identifie plusieurs facteurs responsables de ces affections : intensité du travail, manque d’autonomie, mauvaise qualité des rapports sociaux, ou encore insécurité de la situation de travail.

D’après Santé publique France, les personnels concernés sont ceux qui connaissent également le plus grand déséquilibre entre efforts et récompenses au travail.

La notion de qualité de vie au travail (QVT) nous concerne tous (agents et collectifs) mais seuls des choix judicieux en matière d’organisation du travail permettront de la concilier avec un service public de qualité.

Or plutôt que de faciliter l’organisation de travail, on constate :

+ la disparition des aides à la direction (contrat aidé ou temps de décharge)
+ la modification du droit d’accès au temps partiel sur autorisation
+ l’augmentation du temps de reporting au détriment du temps de concertation et d’enseignement
+ le déni des réalités dans les dispositifs d’inclusion
+ l’augmentation du cadrage des actions pénalisant les initiatives d’équipe d’écoles
+ la réduction du droit à l’accompagnement personnel et à la mobilité professionnelle
+ la perte du libre-choix de ses formations
+ l’impossibilité d’activer son droit à formation dans le cadre des dernières reformes du travail (CPF)

Il est certain que nombre de ces leviers sont un coût mais ne devrait-on pas le comparer à celui que représente les arrêts de travail et d’incapacités à exercer correctement ses missions.

Quel est le véritable objectif ?

– Faire des économies en créant de l’instabilité et en n’autorisant aucune émancipation

ou

– Développer un service public d’enseignement avec des professionnels responsables de leurs missions.

Gageons que nos élèves y gagneraient ! C’est le pari que le Sgen-Cfdt souhaite faire. Mais pour cela il faut que les organisations de travail soient co-construites, ce que nous revendiquons, en volonté et respect avec vos autorités. Nous vous remercions de votre écoute.